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L'interdiction des produits issus de la déforestation, "un accord historique"

L'Union européenne est parvenue, dans la nuit de lundi à mardi, à un accord pour interdire l'importation de produits contribuant à la déforestation. Une avancée saluée par l’ensemble des ONG ayant milité dans ce sens depuis plusieurs années. Dans un entretien accordé à France 24, Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France, évoque "un point de bascule important" pour la sauvegarde de la biodiversité.

"C’est un accord historique !" Le WWF France salue, mardi 6 décembre, l’accord trouvé dans la nuit de lundi à mardi par le Parlement européen et les États membres de l'Union européenne (UE) visant à interdire aux entreprises de commercialiser sur le marché européen du café, du cacao, du bœuf, du soja et d’autres produits de base liés à la déforestation dans le monde.

Dans une interview accordée à France 24, la directrice générale de l’ONG, Véronique Andrieux, insiste sur "la grande victoire" que représente un accord qui aura des conséquences importantes dans la lutte contre la déforestation. Pour autant, tout n’est pas parfait, selon elle. Le texte européen a notamment le défaut, dit-elle, d'écarter les autres terres boisées de l’interdiction des importations.

>> À lire : Un accord européen pour interdire l'importation de produits issus de la déforestation

France 24 : L’Union européenne a trouvé un accord pour interdire l’importation de produits issus de la déforestation. Quelle est l’importance de cette décision ?

Véronique Andrieux : C’est vraiment un accord historique ! Par cette décision, l’Union européenne devient le premier bloc commercial à adopter une loi qui agit sur la déforestation mondiale. Or, la conversion des terres est la première cause de perte de biodiversité dans le monde. C’est une loi pour laquelle on se bat depuis plus de dix ans avec le WWF. À l’époque, ce que nous demandions semblait être de la science-fiction. Mais à force de travail et d’éducation sur les problèmes liés à la déforestation, grâce aussi à la mobilisation de plusieurs grosses entreprises qui se sont déclarées favorables à une telle interdiction, les ONG et les citoyens ont obtenu une victoire absolument majeure. Aujourd’hui, malheureusement, on met énormément de produits issus de la déforestation dans nos Caddies. L’Union européenne en est le deuxième importateur dans le monde derrière la Chine. Cela va changer. Il s’agit vraiment d’un point de bascule important.

Les règles de mise en œuvre et les sanctions prévues sont-elles à la hauteur de l’enjeu ?

La première chose, c’est qu’il s’agit d’un règlement contraignant, donc il engage l’ensemble des États membres. Les entreprises auront un devoir de vigilance sur la traçabilité des produits. C’est quelque chose que l’on sait faire aujourd’hui. Et les sanctions prévues sont des amendes qui pourront aller jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires des entreprises, donc cela me semble suffisamment dissuasif.

Pour autant, il y a deux points sur lesquels nous ne sommes pas satisfaits. Les garanties pour protéger les droits des peuples autochtones se feront en fonction des lois nationales et non pas des normes du droit international, plus exigeantes que dans certains pays. Et la bataille sur la définition de la notion de forêt a été perdue. Les autres terres boisées, comme la savane du Cerrado (située à cheval sur le Brésil, le Paraguay et la Bolivie, NDLR), n’ont pas été inclues dans l’interdiction. Le risque, c’est que les activités liées à la déforestation se reportent vers les savanes. Une étude d’impact est prévue au bout d’un an d’application de l’accord. On espère que les autres terres boisées pourront alors être intégrées. Les ONG vont continuer à se battre.

>> Déforestation au Brésil : Carrefour pointé du doigt par Mighty Earth

L’interdiction européenne peut-elle inciter d’autres pays à prendre des législations similaires ?

C’est en tout cas une très bonne manière d’amorcer la COP15 sur la biodiversité qui démarre ce mercredi 7 décembre à Montréal. Ce sera une opportunité de faire connaître cette interdiction et d’expliquer comment elle va fonctionner. Avoir des chaînes d’approvisionnement libres de déforestation va devenir le nouveau standard de l’Union européenne. On parle d’un bloc commercial majeur dans le monde, donc le signal envoyé au niveau international est très fort. Cela peut créer des incitations dans ces pays pratiquant la déforestation pour que les politiques publiques et les entreprises changent.