France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

L’interview de Macron vue depuis l’incinérateur d’Issy-les-Moulineaux : «C’est lui, le violent !»

Il était déjà venu les encourager la veille, revoilà François Ruffin mercredi parmi les agents grévistes de l’incinérateur d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Au programme, une sorte de watch party façon CGT de l’interview d’Emmanuel Macron, barbecue inclus. Derrière la grille de l’immense site de traitement des déchets de Sytcom, sous la tente rouge vif, l’écran est pour l’instant branché sur TF1 et les 12 Coups de midi. Mais les travailleurs n’ont pas un regard pour Jean-Luc Reichmann, ils préfèrent conspuer préventivement la parole à venir d’un Président dont personne ici «n’attend plus rien». L’ambiance est joyeuse, quoique légèrement désabusée. En fond sonore, Claude François chante les «sirènes du port d’Alexandrie».

13 heures, le feu de palettes est lancé, en même temps que le générique de «l’édition spéciale». Après quelques instants de silence, la teneur du discours du Président est rapidement comprise : il ne bougera pas sur sa réforme et fait «de l’explication de texte», comme le constate Frédéric Probel, secrétaire général de la CGT énergie à Bagneux. «Bon, comme prévu, rien à signaler», souffle la députée LFI des Côtes-d’Armor Murielle Lepvraud à l’oreille de François Ruffin. Impassible, le député LFI de la Somme attend la fin de l’interview pour réagir. Emmanuel Macron déroule, répète son argument, à la logique censément implacable, selon lequel il faudrait travailler plus vieux, puisqu’on vit plus longtemps. «Qu’il vienne travailler en 3x8 avec les camarades pour voir s’il tient deux ans de plus», lance un agent, en grève depuis le 7 mars.

Plus il parle, plus la colère monte

Quand le chef de l’Etat évoque «les parlementaires [favorables à la réforme] qui ont subi des violences inacceptables ces derniers jours», il déclenche une réprobation unanime. «C’est lui, le violent !» proteste un gréviste, prenant pour exemple les violences policières de la nuit passée. A un moment, le Président fait semblant de s’interroger : «Est-ce que vous pensez que ça me fait plaisir de faire cette réforme ?» «Oui !» corrige en chœur le petit comité d’Issy-les-Moulineaux, alors que les cendres du feu retombent sur les têtes et les épaules.

Vis-à-vis de ce public, le Président réussit au moins une chose : plus il parle, plus la colère monte. Sa parole est comparée à «de la soupe», «de la provoc». «Tocard !» s’écrie l’un d’eux. «Porte-parole du Medef !» tente encore un autre. Quand l’interview s’achève, les visages sont consternés. Les classiques «Macron démission» et «on ira jusqu’au bout», se font entendre. La nuée de caméras s’agglutine autour de François Ruffin. Le député fustige «un président de la République en apesanteur», «hors de toute réalité» qui «a refusé de choisir une voie d’apaisement». «Quand on a une alliance François Ruffin, Charles de Courson, Léna Situations, c’est qu’il y a quand même quelque chose qui se passe dans le pays», fait-il remarquer. Et d’annoncer : «La seule force qui va compter, c’est le nombre de gens dans la rue demain.» Grégory Alain, réparateur chaudronnier sur le site d’Issy, dresse un constat plus radical : «Il faut que ça pète un bon coup pour les faire reculer.» Tout le monde se donne donc rendez-vous à Bastille ce jeudi pour la manifestation. Il est 14 heures, et c’est pas tout, mais il y a des merguez à faire griller.