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L’obsession Sandrine Rousseau [Le point de vue de CL]

L’obsession Sandrine Rousseau [Le point de vue de CL]

Photo AFP

Par Maurice BONTINCK - m.bontinck@charentelibre.fr, publié le 29 septembre 2022 à 20h37, modifié à20h37.

Retrouvez notre éditorial du vendredi 30 septembre.

On a hésité avant de se pencher sur le sujet Sandrine Rousseau. L’idée d’en faire trop autour de celle qui n’est après tout qu’une députée, finaliste d’une primaire dont le vainqueur n’a fait que 4,63 % à la présidentielle. La crainte de donner trop d...

On a hésité avant de se pencher sur le sujet Sandrine Rousseau. L’idée d’en faire trop autour de celle qui n’est après tout qu’une députée, finaliste d’une primaire dont le vainqueur n’a fait que 4,63 % à la présidentielle. La crainte de donner trop d’écho à une hystérisation du débat, nourri par ses virulents détracteurs trop heureux de ramasser souvent le bâton qu’elle laisse parfois tomber pour se faire battre.

Mais l’obsession Sandrine Rousseau est telle qu’elle se retrouve au centre de tout et surtout n’importe quoi. Cette obsession est telle que les couvertures de magazine sur l’écologiste se multiplient comme les plateaux télé où chacune de ses prises de paroles est disséquée comme une grenouille qui aurait le tort ou le courage de se faire aussi grosse que le bœuf.

Au point qu’elle crée un phénomène rarissime : la seule évocation de son nom lors de retrouvailles entre amis ou en famille provoque foires d’empoigne et réactions démesurées. Faites le test chez vous, c’est saisissant. Seuls des candidats clivants en campagne comme Zemmour, Mélenchon ou Macron ont le droit à ce genre de traitements.

Pourquoi cette « rousseauisation » des esprits ? Parce qu’elle est d’abord un symptôme, celui d’un débat politique où rien n’imprime dans une France lassée par les gesticulations de sa classe politique. Le tout dans une fabrication de l’information qui tourne en circuit court d’esprit. Une phrase lâchée, une polémique emballée sur les réseaux, des commentaires régurgités sur les plateaux. Et pour ça, elle est parfaite même à son corps défendant. Elle simplifie le débat, d’autant plus qu’elle est caricaturée ou qu’elle se caricature selon les points de vue.

Pendant que le pouvoir surjoue le discours de la méthode sur les retraites avec des termes passionnants comme PLFSS, 49.3 ou amendement, tout un système se met en branle pour donner des os plus faciles à ronger. « Viande rouge », « virilité », « chasseurs », « déconstruit », « féminisme » : ça fait tilt tout de suite et vous avez même le droit à une extra-balle. Sandrine Rousseau, c’est le flipper de la politique qui doit cogner dans tous les sens au gigantesque PMU de la prise de parole. Et chacun de remettre un euro dans la machine à clash.

Si nous avons le nez dans le ruisseau nauséabond des polémiques incessantes, c’est toujours la faute à Rousseau. Nous avons les icônes ou les martyres que nous méritons. L’être Rousseau masque le néant de notre intelligence collective. Quand on parle d’elle, c’est pour éviter de causer de nous.