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L'Unesco entend lutter contre l'appauvrissement culturel que le web accélère

Le sommet mondial de la culture de Mexico s'engage à protéger et favoriser droits des artistes et diversité culturelle face au rouleau compresseur des moteurs de recherches et plateformes de streaming.

Favoriser la diversité culturelle sur Netflix, Spotify ou YouTube, et lutter contre le trafic du patrimoine maya ou yoruba: tels sont deux des dossiers sur la table d'un sommet mondial de la culture qui se tient de mercredi à vendredi à Mexico, une première depuis 1998. L'épidémie de Covid-19 a montré une nouvelle fois que la culture était vitale pour la santé publique, estime le coordinateur du sommet, Pablo Raphael. «Personne n'aurait été capable de survivre au confinement et au stress sans les livres, la musique et le cinéma», explique-t-il.

Les représentants de 160 pays, dont une centaine de ministres qui ont confirmé leur présence, doivent adopter vendredi une déclaration négociée depuis un an à l'issue de cette rencontre intitulée Mondiacult. La déclaration veut garantir «les droits des artistes» sur les plateformes, a indiqué la directrice générale de l'Unesco Audrey Azoulay, qui va inaugurer Mondiacult avec la ministre mexicaine de la Culture Alejandra Frausto. Enjeu: lutter contre «l'appauvrissement de la diversité culturelle et linguistique en ligne», d'après les experts qui ont planché sur la déclaration.

Un accès au marché en ligne pour tous

Le danger? Les «systèmes d'intelligence artificielle» et une «régulation insuffisante des algorithmes». Il sera également question de «la rémunération inéquitable des artistes», et «la concentration inégale des plateformes culturelles mondiales». La plupart sont américaines ou européennes. L'Unesco souhaite «que tous les artistes aient accès au marché en ligne, que la diversité soit acceptée, et la propriété intellectuelle, respectée», indique une source de l'organisation, sans détail pour l'instant sur les pistes d'action.

Dans le monde réel et l'univers des objets, la Déclaration de Mexico prétend renforcer «le code éthique des marchands d'art». Comment? Avec un «certificat d'origine» garantissant que les oeuvres qu'ils vendent «ont été obtenues légalement», a confié Audrey Azoulay au journal mexicain El Universal. Que du bonheur pour le pays organisateur. Le Mexique ne cesse de réclamer le retour au pays de son immense patrimoine méso-américain dispersé en Europe et aux Etats-Unis. «Mon patrimoine ne se vend pas», martèle la ministre mexicaine de la Culture, Alejandra Frausto, à chaque mise aux enchères à Paris ou ailleurs d'un masque de Tehotihuacan ou de la statue d'une déesse maya.

L'Union africaine a de son côté annoncé l'organisation d'une table ronde sur la lancinante question de «la restitution du patrimoine culturel» aux pays subsahariens. L'Unesco envisage dans le même ordre d'idée pour 2025 «un musée virtuel des biens culturels volés», à la veille de cette rencontre inédite depuis 40 ans.

Bien public mondial

Dans ses aspects les plus politiques, la déclaration de Mexico entend définir la culture comme un «bien public mondial» en l'incluant «dans les prochains objectifs de développement durable des Nations unies, comme ce fut le cas de l'éducation en 2015».

Enfin, la rencontre Mondiacult veut déboucher sur «une définition d'un corpus global des droits culturels». Il s'agit du «droit des artistes» mais aussi du «droit des communautés indigènes à la transmission de leurs traditions», précise un porte-parole de l'Unesco. «Les langues indigènes sont essentielles pour sauver la diversité culturelle», détaille la directrice générale. «Dans le grand défi de la lutte contre le changement climatique, les connaissances indigènes sont fondamentales».

La déclaration finale entend mobiliser la culture «dans les discussions internationales sur le changement climatique (...) notamment à travers les systèmes de connaissances traditionnels et autochtones». Les pays se réuniront par atelier. L'Ukraine participera par vidéo à une table ronde sur «le patrimoine et la diversité culturelle en crise». Avec l'Iran et la Chine, la Russie animera une autre rencontre sur le thème «des politiques culturelles renouvelées et renforcées». Les experts qui ont préparé la réunion condamnent «les actions qui visent la culture dans le cadre des conflits armés».