France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

La centrale de Cordemais tourne à haut régime notamment pour la Bretagne

Le ronflement des turbines et le souffle des chaudières à l’intérieur, l’épais panache blanc gris qui sort de l’une des cheminées à l’extérieur donnent, ce vendredi matin, une indication sur l’intensité de l’activité de la centrale thermique au charbon de Cordemais, en Loire-Atlantique.

Dans la salle des commandes, deux données viennent le confirmer au milieu d’une forêt de graphiques affichés sur de multiples écrans de contrôle : l’une des tranches déploie 530 mégawatts et la seconde 520 mégawatts, pour une puissance maximale totale de 1 200 mégawatts.

« Mille mégawatts, c’est globalement l’alimentation électrique d’un peu plus que la ville de Rennes », met en perspective Michel Durand, le directeur du site EDF.

Le ronflement des turbines et le souffle des chaudières se font sentir à l’intérieur.
Le ronflement des turbines et le souffle des chaudières se font sentir à l’intérieur.

Un œil sur le compteur Eco2mix de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, indiquait, qu’à 11 h, la Bretagne ne produisait que 1 195 mégawatts de son électricité pour une consommation de 3 591 mégawatts. Autant dire que l’appui de Cordemais lui rend, dans l’instant, un fier service, avec le nucléaire normand. C’est l’une des raisons pour lesquelles, en ces temps de crise énergétique et de risques de délestage, les équipes de cette rare centrale au charbon en France ont été autorisées, par un décret du 14 septembre, à actionner les turbines 3 400 heures, du 1er octobre 2022 au 31 mars 2023.

Bien plus que les 750 heures autorisées dans l’année

Bien plus que les 750 heures annuelles prévues par la loi Énergie-climat de 2019. Sur la totalité de l’année 2021 déjà, elles avaient tourné 4 293 heures. Il n’y a pas si longtemps, la centrale, qui fait travailler 330 salariés d’EDF et 170 salariés de prestataires, était pourtant promise à la fermeture en 2022. Il est fort probable qu’elle produise encore deux hivers supplémentaires, après celui-ci. Entre 15 et 20 millions d’euros y ont été investis, cette année.

Dans la salle des commandes, le chef d’exploitation Grégory Leroy renseigne sur la flexibilité de la centrale.
Dans la salle des commandes, le chef d’exploitation Grégory Leroy renseigne sur la flexibilité de la centrale.

Pour l’heure, selon Michel Durand, l’installation a besoin de 8 000 à 10 000 tonnes de charbon, par jour, lorsqu’elle fonctionne à pleine puissance. Ce combustible fossile provient majoritairement d’Afrique du Sud et d’Amérique du Sud. Il est débarqué à Montoir, dans l’estuaire de la Loire. Près de 300 000 tonnes y sont stockées actuellement en plus des pas loin de 400 000 tonnes en attente à proximité de la centrale.

40 euros par tonne de CO2 émise en compensation

Le bilan carbone reste donc défavorable. « Nous traitons toutes les fumées mais pas les 0,9 tonne de CO2 par MWh que nous rejetons dans l’atmosphère. C’est la raison pour laquelle EDF verse 40 euros par tonne de CO2 émise à un fonds de compensation qui alimente des projets de reboisement et d’agriculture durable dans la région et en France », signifie le directeur.

Dans la salle des commandes, le chef d’exploitation Grégory Leroy renseigne sur la flexibilité de la centrale. « Selon ce que demande le réseau RTE, la veille, à 16 h 45, on reçoit un programme de marche. Généralement, on monte en régime le matin, de 8 h à 10 h, ensuite, on redescend pour réguler le réseau en journée et on remonte à pleine puissance, de 17 h à 21 h », décrit-il. « Notre rôle principal, c’est de contribuer à l’équilibre du réseau. On est en appui, dans la régulation secondaire de puissance », complète-t-il.

L’une des tranches déploie 530 mégawatts et la seconde 520 mégawatts, pour une puissance maximale totale de 1 200 mégawatts.
L’une des tranches déploie 530 mégawatts et la seconde 520 mégawatts, pour une puissance maximale totale de 1 200 mégawatts.

Seize heures pour atteindre 600 mégawatts

La centrale tourne donc beaucoup depuis quelques jours. Mais il se peut que, la semaine prochaine ou la suivante, la commande varie. « Parfois, nous n’avons pas de programme », signale le directeur. Combien de temps faut-il pour relancer ? « On sait redémarrer en 16 heures maximum. Si on est à l’arrêt depuis quatre à cinq heures, il faut 12 heures pour produire le premier mégawatt puis quatre heures pour monter à 600 mégawatts », expose Bertrand Guidier, le directeur chargé de la transformation industrielle.

C’est lui qui pilote l’introduction envisagée de 20 % de granulés de bois, dès cet hiver, dans le processus de combustion de la centrale. Huit millions d’euros ont été injectés. Pour des raisons d’approvisionnement, seules 4 400 tonnes seront introduites, cet hiver, en alternative au charbon. « Nous visons jusqu’à 20 % de l’alimentation, l’hiver prochain, puis 40 % le suivant », émet-il.