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La Chine pourrait alléger son dispositif « zéro Covid »

Pékin était secoué depuis une semaine par une vague de manifestations contre les restrictions sanitaires, en place depuis le début de l’épidémie.

Source AFP
Un incendie mortel a Urumqi, la capitale de la region du Xinjiang (nord-ouest), a ete l'element declencheur des manifestations du week-end, certains internautes ayant accuse les restrictions sanitaires d'avoir empeche le travail des secours.
Un incendie mortel à Urumqi, la capitale de la région du Xinjiang (nord-ouest), a été l'élément déclencheur des manifestations du week-end, certains internautes ayant accusé les restrictions sanitaires d'avoir empêché le travail des secours. © KAZUHIRO NOGI / AFP

Temps de lecture : 4 min

Pékin va-t-il céder ? Les autorités chinoises donnent des raisons de croire à un allègement de leur politique zéro Covid. Le pays a fait face à une vague de manifestations de colère contre les restrictions sanitaires et pour davantage de libertés. L'approche de la Chine vis-à-vis du virus « fait face à de nouvelles circonstances et de nouvelles tâches », grâce au caractère moins dangereux du variant Omicron et à l'avancée de la vaccination, a déclaré la vice-Première ministre Sun Chunlan, s'exprimant mercredi devant la Commission nationale de la santé (NHC). Mardi, Pékin avait déjà décidé d'accélérer la vaccination des personnes âgées, encore insuffisante.

Figure centrale de la stratégie chinoise face à la pandémie, Sun Chunlan n'a fait aucune mention de la politique zéro Covid dans ses remarques – selon les propos rapportés par l'agence d'État Chine Nouvelle –, laissant espérer que cette stratégie, qui bouleverse depuis trois ans la vie quotidienne des Chinois et l'économie du pays, serait bientôt assouplie.

Excédés par des confinements à répétition et des tests PCR quasi-quotidiens, des milliers de Chinois ont manifesté le week-end dernier, à Pékin, Shanghai, Canton ou encore Wuhan – où les premiers cas avaient été détectés en décembre 2019. Pour les autorités communistes, c'est la vague de contestation la plus étendue depuis les mobilisations prodémocratie de Tian'anmen en 1989. Prises par surprise, elles ont appelé à la « répression » pour contenir ce mouvement, mais semblent aussi donner un gage sur le front de la politique sanitaire.

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Des confinements levés

Ainsi, dans la mégapole industrielle de Canton (Sud), où mardi des heurts avaient opposé manifestants et forces de l'ordre, le confinement en place depuis plusieurs semaines a été levé, malgré les chiffres records de contamination. Car, si les chiffres sont effectivement parmi les plus élevés depuis le début de la pandémie, ils restent infimes : 35 800 cas locaux signalés jeudi, sur une population de 1,4 milliard d'habitants et avec une immense majorité de cas asymptomatiques.

Les restrictions ont été allégées, à divers degrés, dans les 11 districts de Canton, dont Haizhu, épicentre des mobilisations. À l'exception de quelques quartiers considérés comme « à haut risque », selon la Commission locale de santé, « les autres sont gérés comme des zones à faible risque ». La ville de Chongqing (Centre) a aussi annoncé mercredi que les cas contacts remplissant certaines conditions auraient le droit d'effectuer leur quarantaine à domicile, un net changement par rapport à la politique appliquée jusque-là qui imposait à tous – cas positifs et contacts – d'aller en centre de quarantaine.

Ces allègements au niveau local, ainsi que les déclarations de la vice-Première ministre, « pourraient être le signe que la Chine commence à envisager la fin de sa stricte politique zéro Covid », estiment les analystes de ANZ Research dans une note.

« Nous pensons que les autorités chinoises sont en train de passer à une stratégie de « vivre avec le Covid », comme le montrent les nouvelles règles qui permettent aux gens de s'isoler à domicile au lieu d'être transportés dans des centres de quarantaine », ajoutent-ils. Jeudi matin, deux importants journaux chinois ont publié des remarques d'experts pour rassurer sur la non-dangerosité du Covid dans la majorité des cas, après des publications similaires ces derniers jours qui semblent préparer la population à un changement de mentalité.

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Des demandes politiques

Alors qu'on s'approche du troisième anniversaire des premiers cas détectés à Wuhan, il est clair que les habitants sont lassés. Un incendie mortel à Urumqi, la capitale de la région du Xinjiang (Nord-Ouest), a été l'élément déclencheur des manifestations du week-end, certains internautes ayant accusé les restrictions sanitaires d'avoir empêché le travail des secours.

Mais les manifestants ont aussi scandé des demandes politiques, certains exigeant même le départ du président Xi Jinping, reconduit le mois dernier pour un troisième mandat inédit. Le contrôle strict des autorités sur l'information et les restrictions sanitaires sur les voyages à l'intérieur de la Chine compliquent l'évaluation du nombre total des manifestants dans le pays. Mais un soulèvement aussi étendu est rare, compte tenu de la répression contre toute forme d'opposition frontale au gouvernement.

Les mobilisations de 1989 avaient terminé par une répression sanglante quand l'armée était intervenue, notamment sur la fameuse place Tian'anmen à Pékin. Mercredi, à l'annonce de la mort de l'ex-président Jiang Zemin, arrivé au pouvoir juste après Tian'anmen, le Parti communiste a justement souligné sa capacité à ramener le calme durant ce soulèvement.