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« La Cour des miracles » : une école rêvée, lieu de tous les possibles

Issus du monde de l’enseignement, Carine May et Hakim Zouhani évoquent, sur le mode de la comédie dramatique, les effets pervers de la carte scolaire.

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L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

Voici une fiction écolière qui met le doigt précisément là où ça fait mal. Une société dans laquelle les inégalités se creusent et qui pèse de tout son poids et de tous ses maux sur l’école. Un enseignement à deux vitesses, avec ses écoles pour riches et ses écoles pour pauvres. Des calculs de sectorisation qui se complexifient, mais qui ne changent pas grand-chose. L’impuissance et l’usure des profs face à un système sélectif qui ne dit pas son nom et qui les épuise. Des parents, enfin, qui, puissants ou misérables, feraient tout ce qui est en leur pouvoir pour que leur progéniture bénéficie de la meilleure fortune.

Ce sujet, les auteurs de La Cour des miracles, Carine May, qui fut enseignante, et Hakim Zouhani, qui fut animateur, le connaissent bien. Alors qu’ils ont grandi tous deux à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), ils y ont tourné une poignée de films, longs ou courts (Rue des cités en 2011, La Virée à Paname, en 2013…), qui les ont fait remarquer. Ils débarquent aujourd’hui avec une comédie dramatique dont l’enjeu, proprement politique, confère au film son intrigue même. Autant dire qu’ils désertent le cœur du réacteur (la pédagogie, la classe, la transmission) pour s’intéresser à ce qui lui permet de fonctionner (la carte scolaire, le classement et la réputation de l’établissement, le panel socio-économique qu’il recouvre).

Nous voici donc à l’école Jacques-Prévert, quelque part en Seine-Saint-Denis (le film est tourné à Aubervilliers). Un homme et une femme cherchent l’école parmi des travaux et des friches qui les désorientent. Tous deux, par hasard, vont au même endroit, tous deux sont des enseignants nouvellement affectés à Jacques-Prévert. Parvenus au but, ils tombent sur une bande d’enseignants revenus d’à peu près tout, qui naviguent entre colère et apathie. Du côté de la colère, et du stress qui l’accompagne, seule en tête, Zahia (Rachida Brakni), la principale, se désespère du déclassement de l’établissement, de la non-mixité qui a fini par y prévaloir, de la gestion de l’indigence à quoi se réduit sa tâche.

Fable verte

La nouvelle de la construction d’un ensemble immobilier destiné aux classes moyennes supérieures à proximité de l’école lui fait reprendre espoir sur la question du recrutement des élèves. Il semble toutefois, après adaptation par la mairie de la carte scolaire, que le lotissement dépendra d’un établissement flambant neuf, trié sur le volet de l’innovation pédagogique. Il ne subsiste guère de doute sur l’endroit que choisiront les nouveaux parents pour scolariser leurs enfants. La fiction – au sens du morceau de bravoure utopique qui conduira désormais le récit – arrive véritablement ici. Faisant alliance avec la nouvelle arrivante, Marion (Anaïde Rozam), une jeune institutrice écolo venue du Puy-de-Dôme pleine d’énergie et d’idées, Zahia se lance tête baissée dans le projet d’« école verte » pour concurrencer son rutilant concurrent.

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