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« La crise, d’abord sanitaire, puis industrielle, est devenue financière »

auteur

Philippe Escande

Traders à cran, hedge funds en embuscade, acrobates de l’investissement pris en défaut... La panique qui saisit les marchés et exhale un fort parfum de « déjà-vu », constate Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

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Amateur de métaphores lestes et pas toujours politiquement correctes, le célèbre investisseur américain Warren Buffett avait coutume de dire que, lors des crises financières, il se sentait « comme un obsédé sexuel dans un harem ». Assagi aujourd’hui, à l’âge de 92 ans, il doit regarder avec nostalgie la panique qui soudain saisit les marchés et exhale un fort parfum de « déjà-vu » : traders à cran, hedge funds en embuscade, acrobates de l’investissement pris en défaut… Jusqu’aux agences de notation qui reviennent dans la lumière.

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Ce lundi 3 octobre, la célèbre agence de notation Standard & Poors a placé sous surveillance, avec « perspective négative » la dette du Royaume-Uni, à la suite de la présentation calamiteuse du budget par le nouveau ministre des finances, Kwasi Kwarteng. On se souvient du psychodrame qui avait accompagné en 2012 la perte du « triple A » du même Standard & Poors par la France.

Brusque volatilité

L’agence de notation ne fait qu’entériner le fait que la crise, d’abord sanitaire, puis industrielle, est devenue financière. Alors les loups, anesthésiés par des années d’argent facile, sortent du bois, alléchés par la brusque volatilité des marchés. Ils guettent les proies fragiles. La banque Crédit Suisse, par exemple, qui n’en finit pas d’accumuler bévues et scandales, mais aussi, plus surprenant, les très prudents fonds de retraite britanniques.

Sagement, ils sont friands des emprunts d’Etat de très long terme (trente ans) émis par le Royaume-Uni, les « gilts », des titres sur papier doré (d’où leur nom) et que l’on traduirait en français par « placement de père de famille ». Leur longue maturité les préserve des soubresauts de l’inflation. Mais certains banquiers audacieux leur ont adjoint des produits de couverture pour maintenir leur rendement en cas de baisse des taux.

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Quand le contraire s’est produit, avec l’envolée des taux d’intérêt, l’instrument a fonctionné à l’envers contraignant à la vente massive d’obligations, précipitant le phénomène. La banque d’Angleterre a dû intervenir en urgence pour éteindre l’incendie. Mais certaines braises pourraient persister sous la cendre. Les banques centrales retrouvent soudain leur mission première, assurer la stabilité des marchés financiers, et les économistes, comme à chaque crise, se perdent en conjectures. Piqués au vif par la reine d’Angleterre qui, en novembre 2008, leur avait demandé pourquoi ils n’avaient pas prévu la précédente crise, ils lui ont répondu officiellement en reconnaissant que cela traduisait « l’échec de l’imagination collective de personnes brillantes et intelligentes tant au Royaume-Uni que dans d’autres pays ». Nous en sommes de nouveau là.

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