France
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« La crise énergétique actuelle repose la question de la pérennité d’une industrie européenne puissante »

auteur

Philippe Escande

Depuis trois ans, les chocs se multiplient sur le Vieux Continent, fragilisant encore un peu plus un socle industriel déjà très abîmé en France. Et ce, à un moment où les PME hexagonales commençaient à redresser la tête, observe Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

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Réveil brutal pour l’industrie française et européenne. Depuis trois ans, elle reçoit des coups, histoire de lui rappeler quelques fondamentaux et la fragilité de sa situation. Il y a d’abord eu en France le « choc Doliprane ». A la faveur de la crise sanitaire, on s’est aperçu tout à coup que la fabrication de l’essentiel des principes actifs des médicaments était subrepticement partie en Inde et en Chine. La pharmacie européenne n’est plus ce qu’elle était. Puis cela a été le « choc puces ». Brusquement, l’industrie automobile européenne, autre point fort supposé du continent, s’est trouvée paralysée par manque de composants électroniques, là aussi majoritairement produits en Asie.

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Et voilà que, maintenant, nous subissons le « choc électron ». L’explosion des prix du gaz puis de l’électricité compromet fortement la poursuite de l’activité des petites et grandes entreprises. Une manière de nous faire comprendre qu’il n’y a pas d’industrie ni même de société sans énergie. Ce n’est pas nouveau. Au Moyen Age, les premières industries, souvent dans des monastères, prospéraient au rythme des moulins à eau. Aujourd’hui, même Internet n’échappe pas à la règle. Sans énergie abordable, pas de développement économique. La croissance échevelée de l’Europe de l’après-guerre – les fameuses « trente glorieuses » – s’est achevée en 1974 avec la hausse soudaine des prix du pétrole.

La crise énergétique actuelle repose donc la question de la pérennité d’une industrie européenne puissante. Déjà, une bonne part de l’industrie chimique du Vieux Continent s’est envolée vers des cieux plus cléments, en Asie ou en Amérique, et certains menacent d’accentuer le mouvement. Dommage, à l’heure où se multiplient les appels à une réindustrialisation du continent pour répondre notamment aux chocs puces et Doliprane.

PME doublement abandonnées

On peut toujours se consoler en constatant que, si l’énergie est nécessaire, elle n’est pas la clé de la compétitivité d’une industrie. Celle du Japon est infiniment supérieure à celle de l’Arabie saoudite, en dépit de l’avantage énergétique de cette dernière. A ce titre, le cas de la France est édifiant. Durant des décennies, son parc nucléaire, érigé à la suite du premier choc pétrolier, lui a octroyé un avantage tel que, à l’instar de la Suisse ou de la Norvège, grâce à leurs barrages, le pays faisait figure d’« émirat électrique », avec des prix parmi les moins chers du continent.

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Cela ne l’a pas empêchée de voir se déliter son industrie de manière considérable. Dans son livre La Désindustrialisation de la France 1995-2015 (éditions Odile Jacob, 384 pages, 27,90 euros), Nicolas Dufourcq, le patron de Bpifrance, raconte cette descente aux enfers, où se mêlent décisions économiques, erreurs stratégiques et choix sociétaux qui ont concouru à faire de la France le pays le plus désindustrialisé d’Europe, avec le Luxembourg.

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