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La croisade de l’Europe blanche et chrétienne [Le point de vue de CL]

La croisade de l’Europe blanche et chrétienne [Le point de vue de CL]
La stratégie de Viktor Orban dénonçant « le suicide » de l’Occident est copiée par chacun de ses ersatz en Europe.

Photo AFP

Par Maurice BONTINCK - m.bontinck@charentelibre.fr, publié le 27 septembre 2022 à 20h53, modifié à20h57.

Retrouvez notre éditorial du mercredi 28 septembre.

Mai 2019 à Milan. À quelques jours des européennes, douze partis d’extrême droite se rassemblent en meeting. Pourquoi rappeler cette date au surlendemain de la victoire en Italie de Giorgia Meloni absente à l’époque ? Parce que ce rendez-vous démontrait ce que les autres mouvements...

Mai 2019 à Milan. À quelques jours des européennes, douze partis d’extrême droite se rassemblent en meeting. Pourquoi rappeler cette date au surlendemain de la victoire en Italie de Giorgia Meloni absente à l’époque ? Parce que ce rendez-vous démontrait ce que les autres mouvements politiques n’arrivent pas à faire : la construction d’un récit commun en Europe, favorisé par les crises à répétition. Cette alliance des nationalistes et ultra-conservateurs se fait sur un projet : la défense d’une civilisation blanche et chrétienne face aux dangers qui menaceraient.

Ce dénominateur commun a un premier avantage. Il permet de mettre sous le tapis les divergences politiques profondes et même les inimitiés entre leaders. L’exemple italien le montre : entre Meloni aujourd’hui très critique sur la guerre russe en Ukraine et Salvini, poutinophile assumé, le grand écart s’efface pour montrer du doigt les migrants ou la supposée décadence de l’Europe.

Idem au niveau européen quand Orban, toujours proche de la Russie, est érigé en modèle pour tous les autres. Le Premier ministre hongrois ne s’était pas rendu à Milan pour le meeting il y a trois ans mais devant la poussée des nationalismes en Europe, sa stratégie dénonçant « le suicide » de l’Occident est copiée par chacun de ses ersatz.

Aujourd’hui, plus question de quitter l’Europe pour ces partis dont la grande majorité est libérale économiquement. La volonté est de la présenter comme assiégée pour ensuite la conquérir de l’intérieur. Cela permet de garder les indispensables fonds européens (l’Italie a obtenu à elle seule 200 milliards des 750 du dernier plan de relance) tout en érigeant les valeurs les plus conservatrices en gardiennes du futur temple. Les premiers coups de butoir sur le droit à l’avortement en Pologne, en Hongrie montrent la voie à suivre. Avec comme ciment identitaire la désignation des migrants et de l’islam, dangers à éradiquer de cette Europe blanche et chrétienne menacée de déclassement ou de remplacement.

Face à ce récit civilisationnel, il manque à l’Europe actuelle comme à l’ensemble des mouvements politiques un contre-récit assumé expliquant que malgré nos différences, le continent se construit sur des valeurs communes de libertés individuelles et de justice sociale. Aujourd’hui, ce discours n’est plus entendu. Sûrement parce que les actes font défaut. La guerre en Ukraine a surgi pour redonner un sens à cette Europe. À condition de tenir coûte que coûte face à Poutine, modèle à suivre hier encore des thuriféraires de cette Europe blanche et chrétienne.