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La guerre en Ukraine fait exploser les budgets militaires en Europe

La guerre en Ukraine entraîne l’Europe dans une nouvelle course aux armements. Alors que la plupart des membres de l’Otan rechignaient jusqu’ici à consacrer 2 % de leur PIB au secteur militaire, comme l’organisation le réclamait, la Pologne a annoncé lundi 30 janvier qu’elle allait atteindre la barre des 4 % en 2023. De nombreux autres pays européens ne sont pas en reste.

D’après un rapport de l’Otan, la Pologne avait consacré plus de 2,4 % de son PIB à la défense en 2022, ce qui la plaçait au troisième rang de l’organisation derrière la Grèce (3,76 %) et les États-Unis (3,47 %). La politique de Varsovie s’explique en partie par la proximité avec la Russie et l’histoire, toujours tumultueuse et souvent brutale, qui unit les deux pays.

L’augmentation des dépenses militaires polonaises va servir à financer l’achat de matériel. Varsovie va ainsi acquérir 32 avions de combats F-35 et 366 chars Abrams auprès des États-Unis. La Pologne a également conclu un contrat avec la Turquie pour des drones Bayraktar et avec la Corée du Sud pour 1 000 chars K2 et 50 avions FA-50.

Une révolution en Allemagne

Une seconde révolution a également eu lieu plus à l’ouest, en Allemagne, où le gouvernement a annoncé dans la foulée de l’invasion ajouter 100 milliards d’euros à son budget militaire de 2022. Les dépenses de la plus grande économie d’Europe en matière de défense dépassent désormais les 2 % de son PIB, alors qu’elles stagnaient à 1,3 % depuis 2008.

Le budget militaire allemand devient le plus important en Europe, devant ceux du Royaume-Uni ou de la France. Un tournant historique dans un pays où le pacifisme imprègne profondément la pensée politique depuis la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle les nazis avaient vaincu et occupé neuf pays européens.

Si les nouveaux engagements polonais et allemands sont spectaculaires, ces deux pays ne sont pas les seuls à avoir décidé d’augmenter leurs dépenses militaires. Emmanuel Macron a notamment annoncé que le budget français passerait de 43 milliards d’euros par an actuellement à 59 milliards sur la période 2024-2030.

Le budget belge va passer de 4,2 milliards d’euros (0,9 % du PIB) à 6,9 milliards (1,54 %) d’ici à 2030. L’Italie, qui consacre pour l’instant 1,41 % de son PIB à ce secteur, a annoncé qu’elle allait dépasser la barre des 2 % sans préciser de date.

Une accélération plus qu’un tournant

La Suède, qui souhaite désormais intégrer l’Otan après des décennies de neutralité, a annoncé que son budget passerait de 6,2 milliards d’euros (1,3 %) en 2021 à 8,7 milliards en 2025 (ce qui lui permettrait d’atteindre les fatidiques 2 %).

Les pays baltes, voisins de la Russie et particulièrement vulnérables à une éventuelle invasion, ont aussi augmenté leur budget militaire de façon spectaculaire. En décembre 2022, ils ont tous trois promis de dépasser la barre des 3 % de leurs PIB respectifs (contre 2,34 % pour l’Estonie, 2,10 % pour la Lettonie et 2,36 % pour la Lituanie en 2022).

Sous la pression de l’Otan, les nations européennes avaient déjà commencé à augmenter leurs budgets militaires au cours des années 2010. La nouvelle menace posée par la Russie a toutefois accéléré fortement le mouvement.

18 891 tanks en Europe en 1991, 4 362 aujourd’hui

Depuis la fin de la guerre froide, les armées du continent n’envisageaient plus de combats de grande ampleur contre d’autres forces professionnelles. Par conséquent, les stocks se sont considérablement amoindris. Le nombre de chars est passé de 18 891 en 1991 contre 4 362 à l’heure actuelle, celui de sous-marins de 107 à 57. Les augmentations annoncées depuis février 2022 cherchent à combler ces vides.

D’après un rapport de McKinsey, sans l’invasion russe, les dépenses européennes auraient grimpé de 14 % entre 2021 et 2026, passant de 296 à 337 milliards d’euros. Le cabinet de conseil table désormais sur une augmentation comprise entre 53 % (pour atteindre 453 milliards) et 65 % (488 milliards).