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La « jubilation » des opposants après l’abandon de l’usine Bridor à Liffré

Des marches pour le climat, des porte-à-porte, des contributions nombreuses lors de l’enquête publique… Depuis des années, ils ont tout tenté pour empêcher l’implantation d’une usine de viennoiseries surgelées de Bridor à Liffré, commune au nord de Rennes. Ce mardi, la filiale du groupe Le Duff leur a concédé la victoire, en annonçant l’abandon du projet, né en 2017. Raison invoquée : l’entreprise, confrontée à des recours en justice repoussant le démarrage du site aux calendes grecques, n’a plus de temps à perdre face à ses concurrents mondiaux.

« C’est un sentiment de soulagement », confie Philippe Rocher. L’ancien vice-président à l’environnement de Liffré Cormier Communauté en avait claqué la porte en mars 2022, par désaccord avec ses collègues. Depuis, il est devenu l’une des figures de l’opposition locale aux velléités de l’industriel et des élus du coin, en tant que porte-parole du comité CoLERE. Il en a perdu son autre poste dans l’équipe municipale de la Bouëxière, commune voisine de Liffré. « C’était le pot de terre contre le pot de fer et tout notre travail a fini par payer. »

500 emplois directs contre préservation des ressources

Au cœur des reproches des « anti », les 190 000 m3 d’eau que devait consommer le site à l’année - autant qu’une ville de 6 000 habitants. Inacceptable à leurs yeux, alors que le réchauffement climatique promet des jours sombres à la ressource en eau du territoire. Impensable, de plus, de bétonner des terres agricoles et des zones humides, à une époque où la biodiversité subit déjà des pertes inquiétantes. Dans leur collimateur aussi, le modèle économique d’une usine dont les produits étaient destinés à l’exportation, transportés par camion. En un mot, l’usine Bridor symbolisait à leurs yeux « un projet du passé ».

En face, ses partisans n’ont eu de cesse de mettre en avant les 500 emplois directs promis, notamment à destination des moins qualifiés. Comment le territoire, déjà impacté par le départ de plusieurs entreprises, pouvait-il refuser ? Les efforts de Bridor pour diminuer et compenser l’impact de son implantation ont aussi régulièrement été mis en avant. Avec, en arrière-plan, le lancinant débat sur l’avenir industriel de la Bretagne et la possibilité d’y construire des usines.

« Renverser le paradigme »

« La question n’est pas pour ou contre l’industrie : elle est d’être en cohérence avec les ressources du territoire », soutient Pauline Pennober, d’Eau et Rivières de Bretagne. L’association, connue, notamment, pour son combat contre les algues vertes, a contesté devant le tribunal administratif l’autorisation préfectorale obtenue par la multinationale bretonne. Malgré cette victoire, la vigilance quant à l’avenir des terrains reste de mise. « Nous espérons qu’il y aura un projet d’artisans et de paysans, à la place. »

?« Grâce à notre mobilisation, nous avons gagné la bataille politique et médiatique », se félicite Pascal Branchu, président de La Nature en ville ; qui ne cache pas sa « jubilation ». « On espère désormais obtenir la bataille juridique ». Car, même si le projet est enterré, son association, mobilisée depuis le départ, n’entend pas retirer ses deux recours contre la modification par Liffré de son Plan local d’urbanisme et contre le permis de construire. « Il faut que ça fasse jurisprudence. »

Nul doute que, dans l’esprit des militants écologistes, cette lutte fera date. Et en inspirera d’autres ? C’est toute la crainte des partisans du développement industriel de la Bretagne.