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La libération de Brittney Griner, motif de réjouissance et d’inquiétude pour les États-Unis

Vu des États-Unis.

Soulagée par la libération de la basketteuse Brittney Griner, la presse américaine souligne tout de même que le président russe est arrivé à ses fins en obtenant, en échange, la libération du marchand d’armes russe Viktor Bout, de haute lutte.

La basketteuse américaine Brittney Griner de retour de Russie, à sa descente de l’avion sur le tarmac de l’aéroport de San Antonio, au Texas, le 9 décembre 2022.
La basketteuse américaine Brittney Griner de retour de Russie, à sa descente de l’avion sur le tarmac de l’aéroport de San Antonio, au Texas, le 9 décembre 2022. SUZANNE CORDEIRO/AFP

“Bienvenue à la maison, Brittney Griner”, a tweeté l’envoyé spécial de la Maison-Blanche en charge des otages, Roger D. Carstens, ce vendredi 9 décembre en ajoutant, alors que l’avion ramenant la célèbre basketteuse américaine venait d’atterrir à San Antonio, au Texas : “Nous sommes bien contents que Brittney soit de retour sur le sol américain”, rapporte le Washington Post.

L’ensemble de la presse américaine se félicite de la libération de la sportive, à l’instar du Boston Globe, qui souligne dans son éditorial que “l’annonce de sa libération après sa condamnation à une peine de neuf ans de prison en Russie est un véritable motif de réjouissance pour tous les Américains”.

Pour autant, de nombreux journaux outre-Atlantique estiment que son échange contre le trafiquant d’armes russe Viktor Bout, condamné à vingt-cinq ans de prison par la justice américaine, a été l’objet d’un calcul stratégique et d’un pari réussi de la part de Moscou.

Comme le souligne le Boston Globe, en arrêtant et en condamnant prestement la basketteuse américaine Brittney Griner, le Kremlin savait qu’il avait la main sur “une cible idéale pour organiser un potentiel échange de prisonniers et libérer un homme [Viktor Bout] dont la spécialité est l’acquisition d’armements essentiels, à une période où le pays aurait désespérément besoin d’armes pour poursuivre son agression en cours contre l’Ukraine”.

Un compromis majeur

Pour le New York Times, c’est une chose entendue : “La stratégie de Vladimir Poutine en Ukraine est comparable à celle qu’il vient de mettre en œuvre pour décrocher la libération d’un grand trafiquant d’armes russe : faire souffrir les gouvernements occidentaux jusqu’à ce qu’ils acceptent finalement de négocier.”

Et le quotidien new-yorkais d’ajouter que cette stratégie est également une réminiscence de celle désormais employée par Poutine en Ukraine, suite aux échecs militaires répétés essuyés par l’armée russe sur le terrain : “Il bombarde les infrastructures énergétiques de l’Ukraine, prenant de fait la population ukrainienne en otage, en espérant briser l’esprit de résistance du pays.”

Le New York Times souligne également qu’en acceptant de libérer le “marchand de mort” Viktor Bout, sans conteste le détenu russe le plus célèbre des États-Unis, “Joe Biden s’est livré à un compromis significatif ; d’autant plus significatif que Moscou a refusé de libérer dans le même temps l’ancien marine Paul Whelan”, accusé d’espionnage et détenu en Russie depuis décembre 2018, que le gouvernement Biden considère également comme un “otage politique”.

De quoi faire craindre à certains experts américains que cette décision de libérer le trafiquant d’armes “n’encourage le Kremlin à prendre de nouveaux otages, car cela montre que sa stratégie consistant à causer des souffrances, puis à obtenir des concessions, pourrait continuer à porter ses fruits”, conclut le journal.

Bérangère Cagnat

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