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« La livre sterling est en danger » : la vive inquiétude d'un analyste financier à l'égard du Royaume-Uni

« La livre sterling est en danger ». George Saravelos, analyste à la Deutsche Bank, n'a pas caché son inquiétude vendredi à l'égard de la monnaie britannique. Et pour cause, la monnaie britannique a plongé de plus de 7% en 10 jours, un mouvement d'une ampleur très rare sur le marché des changes. Vendredi, elle est est passée sous le seuil symbolique de 1,10 dollars en descendant jusqu'à 1,0863 dollar pour la première fois depuis 1985, non loin du record absolu enregistré cette année-là, soit 1,0520 dollar. Ceci en raison des annonces budgétaires de Londres jugées inquiétantes par les investisseurs sur la santé des finances publiques, alors que le pays est en récession selon la Banque d'Angleterre. Depuis le début de l'année, la livre a perdu près de 20% de sa valeur face au dollar.

Les taux des « gilts » augmentent

Une chute d'autant plus inquiétante à ses yeux que les taux d'emprunt de la dette britannique augmentent. Ce qui « est très rare dans une économie développée », a-t-il précisé. Vendredi, quelques instants après l'annonce du gouvernement de Liz Truss d'un plan de soutien de l'économie extrêmement coûteux (plus de 100 milliards de livres), le taux d'emprunt à dix ans du Royaume-Uni est en effet passé au-dessus de 3,8%, un niveau jamais observé depuis 2011. Plus précisément, le taux des « gilts » (obligations d'État britanniques) à dix ans est monté à 3,84% en cours de séance. Début septembre, le rendement était de seulement 2,8%, et avait fini 2021 à moins de 1%.

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La dette sur une « trajectoire insoutenable »

Une envolée qui traduit les doutes sur la capacité de Londres à financer ces mesures. Le mélange de baisses d'impôts et d'aides massives, qui vont contraindre le Royaume-Uni à emprunter 72 milliards de livres supplémentaires sur les marchés, fait craindre le pire pour les finances publiques. Selon l'Institut des études budgétaires (IFS) le plan Truss risque de mettre la dette sur une « trajectoire insoutenable ». Une perspective qui risque d'effrayer les investisseurs.

« C'est très dommageable pour la réputation du Royaume-Uni en tant que nation responsable d'un point de vue budgétaire », a fustigé l'ex-membre de la Banque d'Angleterre Andrew Sentence.

Même son de cloche pour George Saravelos, de la Deursche Bank : « Nous nous inquiétons de voir la confiance des investisseurs dans le Royaume-Uni s'éroder rapidement ».

Vers la parité livre-dollar ?

L'ancien secrétaire américain au Trésor, Larry Summers, n'y est pas allé avec le dos d'une cuillère. « Entre le Brexit, le retard de la Banque d'Angleterre pour remonter ses taux et maintenant la politique budgétaire, je pense que le Royaume-Uni restera dans l'Histoire comme une des pires gestions macroéconomiques d'un grand pays depuis longtemps », a-t-il déclaré. Selon lui, la livre peut atteindre la parité avec le dollar.

La situation est telle que les cambistes évoquent désormais l'hypothèse d'une réunion d'urgence de la Banque d'Angleterre, avec à la clef une hausse de taux anticipée, citée par Erik Nelson, de Wells Fargo, alors qu'ils ont été relevés de 0,5 point cette semaine, à 2,25%

« Cela enverrait le mauvais message aux marchés », met en garde Christopher Vecchio, de DailyFX, car ces réunions non prévues « signifient que la situation est très tendue, dramatique.»

Si elle a été particulièrement malmenée, la livre sterling n'a pas été la seule à souffrir vendredi. L'euro est tombé à un nouveau plancher depuis 20 ans, à 0,9681 dollar pour un euro.