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La mission impossible du soldat Borne [Le point de vue de CL]

La mission impossible du soldat Borne [Le point de vue de CL]
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a fustigé la gauche qui veut « bordéliser » le pays mais ménagé les syndicats.

Photo AFP

Par Jean-Louis HERVOIS - jl.hervois@charentelibre.fr, publié le 29 janvier 2023 à 22h35.

Retrouvez notre éditorial du lundi 30 janvier.

Le gouvernement a déployé hier une humeur et un dispositif qui annoncent des semaines compliquées. Le projet de loi sur les retraites arrive au Palais Bourbon où l’Assemblée se prépare pour une bataille électrique...

Le gouvernement a déployé hier une humeur et un dispositif qui annoncent des semaines compliquées. Le projet de loi sur les retraites arrive au Palais Bourbon où l’Assemblée se prépare pour une bataille électrique. La barre du million de manifestants ne devrait pas résister demain à l’élan donné le 19 janvier par le front syndical, mouvement largement partagé dans l’opinion. Première à monter au feu, Élisabeth Borne a tracé un périmètre qui exclut de renoncer à l’allongement prévu par sa loi, jugé non négociable. Le reste pourrait servir les accommodements nécessaires pour obtenir l’accord des assemblées. Gérald Darmanin et Bruno Le Maire lui ont emboîté le pas. Le ministre de l’Intérieur joue la carte de l’ordre et fait procès à la Nupes de vouloir « bordéliser » le pays, sa dernière trouvaille sémantique pour forcer le message. Question aussi de revendiquer qu’il vient du « peuple », ce qui n’est pas le cas de son collègue Le Maire. Le ministre de l’Économie joue la carte du sérieux et de la responsabilité. Il promet de s’attaquer plus que jamais aux déficits et de soigner la transition écologique, question de s’inscrire dans le sens de la réforme présente et de ses ambitions futures.

Ce tableau traduit plus de fragilités que de certitudes. François Bayrou, troisième pied de la majorité, louvoyait à la même heure pour imaginer l’issue du double choc qui s’annonce, à l’Assemblée et dans la rue. Les réserves sur la méthode et le déficit de « pédagogie » résistent mal aux lois de la politique. Porter une telle réforme ne peut être le fait que d’une majorité solide guidée sur un cap clair. En s’invitant jeudi au 20h de France 2, Élisabeth Borne s’est mise au défi d’en convaincre les Français.

Emmanuel Macron pouvait agir sur les horloges quand il disposait d’une majorité soumise et d’un mandat renouvelable. Il n’a plus ni l’un, ni l’autre. Plus le temps s’étire, plus les appétits de ses rivaux justifieront abandons et calculs. Plus ses gouvernements peineront à mettre en œuvre ce qui était la marque de son ascension politique.