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La mort de Paul Roussel

Il était le patron de l'âge d'or de L'Équipe. Une certaine époque où le sport français prenait de plus en plus d'importance dans la vie des gens et des entreprises de plus en plus avides de partenariats et de publicité. Le journal (Internet balbutiait) avoisinait les 400 000 exemplaires vendus chaque jour, pour atteindre les 600 000 ou 700 000 quand un exploit particulier était réalisé, en foot mais pas que... Jusqu'au Graal du 13 juillet 1998, où le 1,5 million d'exemplaires allait être atteint.

Le journal se vendait donc bien, mais encore fallait-il mettre le tout en musique et gérer ses développements. Paul Roussel, directeur général de 1993 à 2003, décédé d'un cancer du poumon dans la nuit de mardi à mercredi à 68 ans, sut accomplir cette tâche.

Après plusieurs années passées dans le monde de la publicité, il était entré à L'Équipe au mitan des années 80 en qualité de directeur marketing.

Il a initié la chaîne, le site et l'édition du dimanche

« Il n'y en avait pas vraiment à l'époque, se souvient, très ému, Jean-Pierre Courcol, alors DG du journal, qui était son beau-frère. Je n'ai pas peur de dire qu'il a inventé le marketing de la presse quotidienne. Avec lui notamment, nous avons mené en 1987 le combat contre le journal Le Sport. Il avait mis au point une stratégie, une défense. Nous nous étions fait peur parce que cela coûtait beaucoup d'argent, mais nous avions gagné. Et comme c'était un type formidable qui ne connaissait pas la rancune, il m'avait convaincu de reprendre les journalistes partis faire ce projet alors que j'avais toujours dit qu'ils ne reviendraient jamais. »

Jérôme Bureau, directeur de la rédaction de L'Équipe de 1993 à 2003, faisait partie de ces journalistes. « Paul laissait faire le journal aux gens dont c'était le métier et il faisait le sien, celui de patron. Il avait permis le lancement de la chaîne en 1998, du site en 2000 et c'est à lui qu'on doit d'avoir poursuivi la vente du journal le dimanche après la Coupe du monde en 1998. Tout cela était incroyable à l'époque et c'est devenu normal, aujourd'hui. Il connaissait les journalistes, mais il ne s'adressait jamais directement à la rédaction pour demander quelque chose, ça ne lui serait jamais venu à l'esprit. Lui s'occupait que le tout fasse un bon chiffre d'affaires à la fin de l'année et qu'on fasse une belle fête de temps en temps... »

Il détestait les mondanités

Même s'il détestait les mondanités liées à sa fonction. Souvent, le soir, Paul Roussel organisait dans son bureau des petites parties de pétanque acharnées... avec des balles de golf. « Il y a des gens que cela rendait fou, se souvient Louis Gillet, ancien boss de la régie publicitaire du journal, mais ça nous faisait beaucoup de bien. Ça soudait une équipe... Mais faut pas croire, il avait aussi un foutu caractère. Une fois qu'il avait dit non sur un dossier, on ne pouvait plus le faire changer d'avis. »

Grand amateur de sport, bon joueur de tennis, devenu golfeur sur le tard, Paul Roussel avait décidé de quitter le journal au printemps 2003 juste après le passage au tout couleur de L'Équipe qu'il avait initié. Ses obsèques auront lieu lundi prochain, 5 décembre, à 15 h 30 à la salle de la Coupole du Père-Lachaise, à Paris. À sa famille, ses amis, L'Équipe présente ses plus sincères condoléances.

publié le 30 novembre 2022 à 18h33