Des policiers canadiens.
Des policiers canadiens.
Des policiers canadiens. LARS HAGBERG / REUTERS

La police canadienne doit être réformée en profondeur et revoir ses méthodes de travail, a estimé jeudi 30 mars la commission d'enquête qui a analysé les défaillances policières lors du massacre de 22 personnes en avril 2020 dans l'est du pays. Dans un rapport de 3.000 pages, 130 recommandations sont formulées notamment pour améliorer la collaboration entre services de police, mais aussi pour revoir la communication avec la population et renforcer la réglementation sur les armes à feu.

Déguisé en policier et circulant à bord d'une fausse voiture des forces de l'ordre, Gabriel Wortman, un prothésiste dentaire de 51 ans, avait semé la mort pendant deux jours dans une région tranquille de Nouvelle-Écosse (est) après avoir agressé sa femme. Il avait été abattu par la police à l'issue d'une chasse à l'homme de plus de 12 heures. «Il y a eu de nombreux signes avant-coureurs de la violence de l'auteur des crimes et de multiples occasions ratées d'intervenir», déplore la commission d'enquête. Gabriel Wortman possédait illégalement plusieurs armes à feu, et avait un «comportement violent et intimidant», notamment envers sa femme, ce qui aurait dû constituer «de nombreux signaux d'alarme».

Une «refonte complète de la formation des policiers»

Le rapport déplore également l'absence de réflexion de la part de la police sur ses manquements lors de son intervention au moment des meurtres. «Plus de deux ans après l'événement, la direction de la police n'a pas fait grand-chose pour évaluer son intervention lors de la fusillade, la plus meurtrière de l'histoire du Canada», estime la commission. Cette dernière juge qu'une «refonte complète de la formation des policiers» est nécessaire.

Le rapport déplore que la police n'ait pas utilisé de système d'alerte pour prévenir la population qu'un tireur était en liberté, afin que le public puisse «prendre des mesures pour mieux se protéger». Le rapport reproche notamment à la police d'avoir sous-estimé les faits dès le départ en déclarant dans un message Twitter qu'elle enquêtait sur une «plainte concernant des armes à feu». Ce message «ne reflétait en aucun cas la menace présentée par l'auteur à ce moment-là», selon le rapport. La police n'a envoyé un autre message que le lendemain matin.

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