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« La recomposition des identités de genre est arrivée tardivement dans l’Église »

« La distinction entre les deux sexes est une évidence théologique pour l’Église, ce qui ne veut pas dire qu’elle a toujours été interprétée à partir des mêmes référents. Jusqu’au XIXe siècle, on est encore dans une logique de gradation du masculin au féminin, même s’il est clair qu’il y a deux sexes. Par exemple, on considère volontiers que des séminaristes peuvent avoir un tempérament plutôt féminin, cela ne met pas en question leur identité masculine.

C’est au XIXe siècle qu’on voit apparaître dans l’Église une distinction nette entre les deux genres, les deux sexes. L’assignation des fonctions entre l’homme et la femme est plus forte à une époque où l’Église utilise la famille, les femmes en particulier qui auront beaucoup d’enfants, pour rechristianiser la société. C’est une époque aussi où les espaces de virilisation, les guerres, sont plus fréquentes. Se développent alors des débuts de pastorales destinées à l’un ou l’autre sexe, ce qui n’était pas le cas auparavant.

Dans les dernières décennies, l’Église catholique a intégré la mixité dans ses pratiques pastorales. Elle s’est toutefois heurtée à la deuxième vague de féminisme autour de Simone de Beauvoir, un féminisme de la déconstruction des genres. Ainsi de Michelle Perrot, une des grandes figures de l’histoire des femmes en France, que la question du féminisme a éloignée de son ancrage catholique d’origine.

À la fin des années 1990, au début des années 2000, la recomposition des identités de genre est arrivée tardivement dans l’Église, par le biais des associations de catholiques homosexuels. Elle commence à poser des questions théologiques au moment où Jean-Paul II a réaffirmé fortement la distinction et la complémentarité entre l’homme et la femme et où l’on voit réapparaître des pastorales destinées à un genre ou un autre. Ces pastorales ne sont pas seulement une réaction aux questions de genre présentes dans la société, mais s’expliquent aussi par les questionnements existentiels de catholiques formés dans les années 1990 et qui cherchent, à ce moment du cycle de leur vie, des réponses religieuses à leurs questions sur ce que signifie être un père ou un éducateur, par exemple. »