France
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La retraite, un combat civilisationnel

Si le sujet n’était pas si grave, nous pourrions saluer le génie inventif du pouvoir macroniste pour hisser le cynisme à son acmé. Faute de légitimité pour opérer un recul historique au droit à la ­retraite, l’exécutif déploie des ­trésors d’imagination pour imposer ce retour en arrière social. Après sa valse-hésitation de l’automne, le gouvernement envisagerait ­désormais de le saucissonner en deux textes législatifs. Le pire, soit le report de l’âge légal à 65 ans et l’allongement de la durée de cotisation, serait intégré à un projet de loi de financement de la Sécurité sociale rectificatif qui pourrait être présenté en début d’année. Les pseudo « contreparties » à ces régressions feraient, quant à elles, l’objet d’un projet de loi « classique ».

La manipulation est tout aussi grossière que le dévoiement obscène du nom du CNR, dont Emmanuel Macron s’emploie à déconstruire méthodiquement toutes les conquêtes sociales. En réalité, derrière les stratégies politiciennes, le président de la République évite à tout prix de faire de la politique : à savoir assumer un débat civilisationnel, au moment où la place du travail et ses finalités pourraient être au cœur d’une transition sociale et écologique révolutionnaire.

Pour éviter d’assumer ses choix ­funestes, le gouvernement assène qu’ « on n’a pas le choix », que chaque « réforme » est une « nécessité » frappée au coin du bon sens. Les Français la rejettent ? C’est qu’ils n’ont pas « compris », qu’il faut faire preuve de « pédagogie ». En réalité, cette contre-réforme des retraites n’est pas plus « nécessaire » que ne l’était celle sur l’assurance-­chômage, une véritable bombe sociale qui va plonger des familles entières dans la misère.

Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Le régime des retraites n’est ni « à bout de souffle » ni « insoutenable », comme nous l’avons démontré à plusieurs reprises dans ces colonnes. Ce qui est « insoutenable » pour la classe dirigeante actuelle, c’est bien le système ­solidaire pensé à la Libération, qui attribue un revenu à une personne qui n’a pas d’emploi. C’est cela que le capitalisme veut enterrer, pour livrer nos retraites aux douces lois du marché.