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La révolution vaticane qui ne dit pas son nom

Le pupitre transparent a été placé dans le hall d’accueil. Mercredi 7 juin au soir, c’est l’effervescence, à l’entrée de la polyclinique romaine Gemelli. Des dizaines de journalistes du monde entier se sont précipités dans l’établissement où le pape François vient d’être opéré, trois heures durant, d’une hernie abdominale.

La rumeur d’une conférence de presse du chirurgien ayant conduit l’intervention a couru depuis la mi-journée, provoquant la perplexité de bien des reporters entassés sur le parking de l’hôpital, situé en hauteur, et d’où les télévisions ont une vue imprenable sur Gemelli. Et pourtant, un peu après 19 h 30, c’est bien le chirurgien ayant opéré François qui est apparu devant les caméras, aux côtés du directeur de la Salle de presse, Matteo Bruni, prenant place derrière le pupitre. En blouse blanche et pantalon vert bouteille, le médecin a détaillé, avec force détails, le déroulement de l’intervention chirurgicale.

Si les journalistes ont eu peine à croire à cette conférence de presse, c’est qu’elle représente un tournant à 180 degrés avec la stratégie de communication choisie par le Vatican lors de la dernière hospitalisation du pape, en mars. Le Saint-Siège avait alors été très vague sur les raisons de l’admission de François au Gemelli, affirmant même que cette hospitalisation était liée à des « examens programmés », alors qu’elle avait été effectuée en urgence. Une contre-vérité vite mise au jour qui avait provoqué la colère de la presse. Quant au communiqué publié juste avant la sortie du pape de l’établissement romain, précisant que François avait partagé une pizza avec son entourage, il avait fait sourire.

Mais cette fois, il n’en est rien : depuis l’admission du pape à l’hôpital, le Vatican communique trois fois par jour. Le fait de donner la parole aux médecins a aussi pour but de contrer les rumeurs – incessantes – de cancer qui tournent dans les petits cercles du Vatican lorsque l’on parle de la santé de François.

Signe de transparence, cette pratique avait déjà été mise en œuvre sous Jean-Paul II, lorsque les médecins expliquaient, installés dans l’amphithéâtre du même hôpital, les tenants et les aboutissants de l’état de santé du pape polonais. « C’est une révolution », s’étonne une journaliste italienne. Mais cette volonté de faire montre de transparence a néanmoins une limite. Qui tient en une question : le Vatican maintiendra-t-il cette ligne le jour où la santé du pape François se dégradera réellement, ou est-elle réservée aux bonnes nouvelles ?