France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

La sobriété, au cœur de l’alimentation de demain

À l’heure où le mot d’ordre du gouvernement est la « sobriété », des chercheurs ont présenté, mardi 4 octobre, à quoi pourrait ressembler le système alimentaire français en 2050, à travers cinq scénarios visant la neutralité carbone.

Transports des marchandises et déplacements des ménages pour se nourrir, production du secteur agricole… Avec un quart des émissions de gaz à effet de serre, l’alimentation constitue un volet essentiel de la lutte contre le réchauffement climatique. Dans leur présentation, les chercheurs se sont concentrés sur les quatre premières projections, la dernière étant construite à partir du volet agricole de la stratégie nationale bas carbone.

La sobriété, mot d’ordre de la transition alimentaire

Dans le premier scénario, nommé « Génération frugale », la sobriété est au cœur des projections. De quoi est alors composée son assiette ? Elle contient davantage de produits « bruts » de saison, issus de jardin partagés. La consommation de viande individuelle est divisée par trois, et la surconsommation de protéines limitée à 26 %.

Pour répondre à une alimentation plus végétale, « les surfaces de prairies temporaires ont elles aussi été divisées par trois au profit des cultures de céréales et d’oléoprotéagineux, des fruits et des légumes», indique le rapport. La consommation d’eau, elle aussi, est revue à la baisse : « Les surfaces irriguées ont diminué de 1,7 à 1,4 million d’hectares, elles augmentent pour les fruits et légumes, un peu pour les céréales, et diminuent fortement pour le maïs. »

Pour le chercheur Christian Couturier, directeur général du cabinet Solagro, ce qui fait véritablement la différence dans la réduction de l’impact environnemental de cette projection, c’est « la réduction des cheptels ».

Dans le même esprit, le second scénario des chercheurs dépeint « un contrat social respectueux de l’environnement ». Ici, les experts misent sur une alimentation équilibrée à l’échelle individuelle, et « l’agriculture biologique occupe désormais la moitié des surfaces des terres arables et la production intégrée », indique le rapport.

Concernant les cheptels, celui des bovins de lait est réduit d’un quart, quand celui des poulets de chair baisse d’un tiers. Un autre levier d’action y est pointé par les chercheurs : favoriser la restauration collective. « Fortement soutenue par les pouvoirs publics », cela permettrait, selon le rapport, « de limiter le gaspillage ».

Un pari technologique

Les deux autres scénarios, destinés à revoir le système de l’alimentation de manière structurelle, constituent un réel « pari technologique », affirment les experts de l’étude. Dans la projection nommée « Technologies vertes », l’alimentation individuelle est plus équilibrée grâce à des applications numériques. « Les modes d’élevage sont, eux, plus polarisés », ceux de porcs et de volailles ayant basculé vers des productions biologiques.

Dans le dernier scénario, les technologies permettent de gagner 10 % de rendement malgré les effets du changement climatique. Ces technologies seront aussi au service de la sobriété, grâce aux « livraisons de pizzas ou autres plats préparés par drone, qui seront devenues courantes ».

Si ce pari technologique est bel et bien étayé par les experts, Christian Couturier souligne que les deux premiers scénarios révèlent davantage de « co-bénéfice », la première projection présentant des émissions de gaz à effet de serre réduites de 60 %.

Si ces sauts dans le temps fondés sur des données scientifiques visent à respecter les accords de Paris, les chercheurs restent prudents et tiennent à rappeler qu’il s’agit d’« hypothèses ». Néanmoins, à travers ce travail de recherche, les experts entendent rappeler qu’aller vers cette neutralité carbone du système alimentaire « nécessite sans nul doute une évolution majeure des politiques publiques ».