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La synchronisation menstruelle peut-elle améliorer les performances sportives?

Temps de lecture: 2 min — Repéré sur The New York Times

Pour l'entraîneuse Dawn Scott, prêter attention au cycle menstruel de ses joueuses et adapter leur entraînement en fonction était l'un des ingrédients clés de l'équipe de foot américaine féminine, lorsqu'elle a remporté la Coupe du monde de football de 2019.

Dans un article du New York Times, des scientifiques reviennent sur cette tendance du «cycle syncing», qui consiste à synchroniser son emploi du temps en fonction de son cycle menstruel. Car si les conseils abondent sur les réseaux sociaux, ce n'est pas le cas dans les cabinets médicaux, puisque aucune preuve scientifique n'a encore été avancée en ce sens.

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Une méthode efficace ou contre-indiquée?

«Les cycles suivent rarement les modèles de pics et de chutes d'hormones des manuels», explique Dre Kate Clancy, autrice du livre Period – The Real Story of Menstruation («Règles: la véritable histoire des menstruations»). Pourtant, c'est sur ce modèle qu'est fondé le «cycle syncing», qui décompose la petite trentaine de jours du cycle en quatre phases : folliculaire, ovulation, lutéale et menstruation. Chaque période est accompagnée de son lot de changements hormonaux, affectant alors non seulement les organes reproducteurs, mais aussi «toutes les cellules du corps», rappelle Dre Shruthi Mahalingaiah, professeure de santé environnementale et reproductive à Harvard.

Pour adapter leurs entraînements, les sportives prêtent particulièrement attention à deux phases. La première est la phase folliculaire, au cours de laquelle le taux d'œstrogène augmente pour former un ovocyte. Cette dizaine de jours correspondrait à une plus grande résistance au stress et à une meilleure récupération physique. Pour les sportives, ce serait le moment de pousser leurs performances. À l'inverse, la phase d'ovulation, suivie d'un pic de progestérone, coïncide plutôt avec le manque d'énergie et les douleurs qui se rapportent au syndrome prémenstruel. C'est à ce moment-là que Dawn Scott fait en sorte d'allonger les temps de récupération de ses footballeuses.

Si la stratégie semble bien rodée dans l'équipe, Asima Ahmad, endocrinologue de la reproduction, signale que cette synchronisation du cycle avec les entraînements n'a encore «aucune preuve fondée» concernant l'amélioration des performances des joueuses. Asima Ahmad ne le recommande d'ailleurs pas à ses patientes, d'autant qu'il n'est pas non plus avéré que ce modèle fonctionne pour les femmes qui utilisent un mode de contraception hormonale.

S'il y a autant de cycles que de femmes, il en va de même pour les syndromes prémenstruels. Ava Mainieri, ancienne responsable de la recherche au centre de santé pour femmes Tia, estime qu'«il est compliqué de dicter des règles strictes à des femmes qui, de l'une à l'autre, vont avoir des symptômes très différents». En outre, la méthode peut devenir contre-productive lorsqu'elle finit par créer du stress chez la femme, qui doit savoir précisément dans quelle semaine et quelle phase de son cycle elle se situe pour adapter ses activités. «La tendance a au moins l'avantage d'accroître la connaissance du corps des femmes et de leur cycle», concède-t-elle.

Si les scientifiques ne peuvent avancer de preuves médicales, c'est aussi parce que la question reflète «un gouffre dans la recherche sur la santé des femmes», selon Juliana Antero, chercheuse à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep). La chercheuse conduit justement le programme de recherche «Empow'her» qui, en vue des Jeux olympiques de 2024, a façonné les programmes d'entraînement des athlètes féminines. Cela, afin de parvenir (enfin) à des résultats scientifiques pour adapter le sport féminin à la pratique de haut niveau.