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« La (très) Grande Evasion » : la mécanique de l’évasion fiscale pour les nuls

Un documentaire de vulgarisation de Yannick Kergoat, coécrit avec Denis Robert, qui éclaire une pratique en plein développement.

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L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

Vous avez, comme tout un chacun, une cinquantaine de millions d’euros à soustraire à l’administration fiscale. Vous hésitez toutefois sur la meilleure manière de procéder à cet acte de légitime défense. Ne perdez plus une minute et regardez le documentaire de vulgarisation de Yannick Kergoat, coécrit avec Denis Robert (journaliste qui avait enquêté sur l’affaire Clearstream, chambre de compensation luxembourgeoise), consacré aux mécanismes de l’évasion fiscale.

Quel plaisir que ce film qui, avec le concours de spécialistes parlant un langage clair, et moult séquences d’animation édifiantes et facétieuses, détaillera pour vous la marche à suivre, moins compliquée que ce que l’on imaginait. Sans doute n’est-il pas interdit, sans un sou d’économies en poche, de regarder ce film, mais on risque évidemment d’y prendre un peu moins de plaisir, d’être même scandalisé par une pratique qui, loin d’être jugulée comme on nous l’assure depuis des années, ne fait que croître et embellir à mesure que le système enrichit les plus riches et appauvrit les autres, au vu et au su des gouvernants, avec la bénédiction des établissements bancaires qui y participent et, cela va sans dire, au détriment du bien commun. Petit motif de satisfaction tout de même : le spectateur le plus rétif à ces acrobaties comptables sortira du film en ayant enfin compris – du moins dans les grandes lignes – comment on le dépouille.

Il était donc une fois l’âge d’or des coffres suisses et du sacro-saint secret bancaire, en vertu desquels les contrevenants faisaient véhiculer, ou véhiculaient eux-mêmes leurs lingots et leurs grosses coupures en voiture ou en train. Mais, en 2008, les banquiers suisses se font tordre le bras par le Sénat américain. Les voilà contraints de révéler des noms. C’est la fin d’un eldorado. En fait, les choses sérieuses commencent. La mondialisation et la numérisation vont y aider avec l’apparition de la société offshore. Le clic remplace la Cadillac du Corniaud. Désormais, avec l’aide de cabinets d’avocats fiscalistes et de cabinets d’audit qui ont pignon sur rue, de banques qui jouent le jeu et de pays qui mettent leur législation au service du trafic, les propriétaires réels de l’argent disparaissent sous un réseau de sociétés fantômes et de prête-noms créés, dans divers pays, à ce seul effet.

Complicité des Etats

Encore n’a-t-on encore rien dit de l’« optimisation fiscale », qui fait dans le film l’objet d’un passionnant démontage, montrant comment les multinationales, dotées d’armées d’analystes financiers et d’avocats, utilisent les brèches offertes par les diverses législations nationales pour se soustraire à l’impôt. Un art dans lequel les GAFA sont passés maîtres, avec la bénédiction de Barack Obama, lequel refusa de signer l’accord international qui aurait permis de lutter contre ces pratiques. Ces juteuses martingales, qui ont remplacé sur le plan sportif la chasse à courre chez les grands de ce monde, ne sauraient enfin exister, c’est du moins la thèse de ce film, sans la complicité des Etats qui, depuis le G20 de 2008, feignent d’en combattre le principe par des déclarations d’intention ou la publication de listes des paradis fiscaux.

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