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La victoire du parti des agriculteurs est le “Brexit interne” des Pays-Bas

Analyse.

Le Mouvement agriculteur citoyen (BBB) a créé la surprise, le 15 mars, en devenant la première force politique au Sénat et dans l’ensemble des conseils régionaux néerlandais. Des résultats électoraux qui expriment le rejet d’une partie des Néerlandais les plus défavorisés de l’élite urbaine dirigeante, estime cet historien dans le quotidien “NRC”.

La chef du Mouvement agriculteur citoyen (BoerBurgerBeweging, BBB), Caroline van der Plas, lors de la soirée électorale aux Pays-Bas, le 15 mars 2023.
La chef du Mouvement agriculteur citoyen (BoerBurgerBeweging, BBB), Caroline van der Plas, lors de la soirée électorale aux Pays-Bas, le 15 mars 2023. Photo SEM VAN DER WAL/AFP

Dans le conflit sur la politique climatique qui oppose gouvernement et paysans, les électeurs néerlandais ont massivement choisi ces derniers. Créé en 2019, le Mouvement agriculteur citoyen (BoerBurgerBeweging, BBB) sera désormais la première formation dans les douze provinces du royaume et à la première chambre, le Sénat. Une formation qui s’est montrée à la hauteur de son nom : les citoyens se sont rangés du côté des agriculteurs – du côté des campagnes, des régions et des communautés qui sentent abandonnées. Bref, citoyens et paysans se sont unis dans ces élections aux enjeux climatiques.

Le verdict sorti des urnes inflige une gifle au cabinet Rutte IV [le Premier ministre Mark Rutte, au pouvoir depuis 2010, en est à son quatrième mandat] : la grogne qu’il suscite était le moteur principal des électeurs. Aussi, derrière la révolte contre le plan azote du gouvernement se cachent une crise de la représentativité des partis au pouvoir, mais également une crise de confiance en leurs capacités.

La politique contemporaine pâtit d’un problème que les politologues appellent “légitimité entrante” : les citoyens ont l’impression d’être les objets d’un gouvernement technocratique ; le pays est gouverné au-dessus d’eux, et non avec eux. Elle souffre aussi d’un problème de “légitimité sortante” : les citoyens ont l’impression que le gouvernement ne produit pas grand-chose de bon. De fait, sous le Premier ministre libéral Mark Rutte, l’image positive que les Pays-Bas avaient d’eux-mêmes, celle d’un pays bien organisé, raisonnablement équitable, a pris du plomb dans l’aile.

Par les temps qui courent, de vastes pans de la société néerlandaise ne se sentent plus représentés ni respectés par leurs dirigeants. Plus on vit loin de la Randstad, la grande conurbation Amsterdam-Rotterdam-La Haye-Utrecht, et moins on est diplômé, plus ce sentiment d’être oublié et incompris est fort. En ce sens, le triomphe du BBB peut être vu comme un Brexit interne” : un mouvement visant à “reprendre le pouvoir” à des forces externes qui portent atteinte au mode de vie de la communauté. Dans la province rurale de l’Overijssel, la tête de liste du BBB s’en fait l’écho : “L’Overijssel est trop belle pour que nous laissions Bruxelles et La Haye

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Créé en 1970, le titre est sans conteste le quotidien de référence de l’intelligentsia néerlandaise. Libéral de tradition, rigoureux par choix, informé sans frontières.

Le quotidien national du soir a été longtemps édité à Rotterdam, mais a déménagé dans la capitale début 2012. Le titre était né d’une fusion entre Nieuwe Rotterdamsche Courant (qui existait depuis 1844) et Algemeen Handelsblad (depuis 1828) et appartient depuis février 2015 à Mediahuis, le groupe de presse belge qui est également propriétaire des quotidiens belges néerlandophones De Standaard et Gazet van Antwerpen. Son rédacteur en chef est le flamand Peter Vandermeersch. Du NRC, comme on l’appelle tout court, est né en 2006 le journal du matin nrc.next (qui paraît 5 jours par semaine) qui vise un public plus jeune.

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