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Lancement de l’Observatoire du racisme en politique : «Aucun parti n’est en mesure d’apporter une réponse sérieuse»

L’entrée de dizaines de députés RN à l’Assemblée nationale en juin a été le déclencheur. Face à la montée «des idées racistes et réactionnaires», elles en étaient convaincues, il fallait trouver une réponse à la hauteur. Finalement, après un été passé à défricher les hypothèses et cultiver les réflexions, Nadhéra Beletreche et Assia Hifi ont vu germer une idée.

S’inspirant d’un dispositif qui existe déjà contre les violences sexistes et sexuelles, ces deux militantes des quartiers populaires décident de lancer l’Observatoire du racisme en politique. Décollage prévu ce samedi. Une date à forte charge symbolique. Il y a 39 ans jour pour jour, le 3 décembre 1983, la Marche pour l’égalité et contre le racisme, ou «Marche des beurs», arrivait à Paris.

«Racisme ordinaire et insidieux»

L’Observatoire du racisme en politique, structure totalement inédite aux contours encore un peu flous, entend remplir plusieurs objectifs : former les militants, encourager la mise en place de cellules internes pour recueillir la parole de potentielles victimes, favoriser la candidature de «personnes non blanches» aux élections, interpeller les élus…

«Les luttes féministes commencent à se faire entendre, et pas du tout l’antiracisme», regrette Nadhéra Beletreche, ex-candidate de la Nupes aux élections législatives en Essonne. Selon elle, et contrairement à ce qu’on imagine, le problème du racisme en politique ne se cantonne pas aux milieux d’extrême droite. «Tous les partis sont concernés. Aucun n’est en mesure d’apporter une réponse politique sérieuse», regrette-t-elle auprès de Libération. Et la militante de préciser : «On ne va pas s’attaquer uniquement au racisme spectaculaire et agressif. On veut aussi parler du racisme ordinaire, insidieux, qui est présent partout».

Pour EE-LV, «un moyen de se challenger»

Y compris à gauche, où Nadhéra Beletreche blâme «l’incapacité à produire un discours antiraciste». Pire, estime-t-elle, «une partie de la gauche préfère courir derrière le Printemps républicain et refuser de voir les discriminations en face».

Les deux militantes, au profil très politique - Assia Hifi étant co-coordinatrice des Jeunes écolos d’Île-de-France -, espèrent avancer main dans la main avec les partis politiques. Encore faut-il qu’ils le souhaitent. «Sur le principe, je ne vois pas comment ils pourraient refuser de travailler avec nous», juge Nadhéra Beletreche.

A Europe Ecologie-les Verts (EE-LV), la porte est grande ouverte. «J’attends de voir concrètement à quoi va ressembler cet Observatoire, mais on ne peut que partager le constat», affirme à Libé une cadre écolo. La même poursuit : «Je pense, et j’espère, que ce sera un moyen de nous challenger et d’améliorer nos pratiques internes. On ne va pas se leurrer : il y a encore du travail. On a du mal à faire accéder aux postes à responsabilité les personnes de couleur.»

Déjà, les initiatrices du projet s’attendent à recevoir toutes sortes de critiques. «On risque de nous accuser de tous les maux, de nous traiter de communautaristes, imagine Nadhéra Beletreche. Mais nous, on veut juste l’égalité réelle. En politique comme ailleurs.»