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« Le bio est bon pour le climat, la santé et la biodiversité. Le message passe, mais régresse au moindre signal sur le prix »

auteur

Philippe Escande

Du fait de la hausse spectaculaire des prix alimentaires, bien au-delà de l’inflation générale, la part du bio recule. Cela démontre que les modifications du comportement des consommateurs semblent plus faciles à effectuer quand la croissance et le pouvoir d’achat s’évanouissent, note Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

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Décidément, la voie de la transition écologique est un chemin bien épineux. Lundi 22 mai, les économistes Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz remettaient à la première ministre, Elisabeth Borne, un rapport alarmiste sur les conséquences économiques de la transition climatique. Attention, prévenaient-ils, il va falloir faire en moins de dix ans un effort que nous avons eu de la peine à accomplir en trente. Autrement dit, nous ne sommes pas vraiment sur la bonne trajectoire ni vraiment conscients de l’accélération à fournir.

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Et voilà que, dans ce contexte déjà anxiogène, s’impose une vérité qui dérange. A la faveur de la période de forte inflation dont nous ne sommes pas encore sortis, le marché du bio pique du nez. Les ventes baissent de plus de 8 % dans les grandes enseignes et sa part de marché globale a reculé de 6,4 % à 6 %. Un mouvement suffisant pour pousser nombre de magasins bio à mettre la clé sous la porte ou à stopper leur expansion.

En amont, les nouvelles ne sont pas plus réjouissantes, avec des taux de conversion des cultures classiques à la production bio en chute libre. Aujourd’hui, près de 10 % des terres françaises sont consacrées à ce mode de culture, et il est de moins en moins sûr que l’on puisse atteindre l’objectif du gouvernement de 18 % en 2027.

Transition vers une économie bas carbone

Ainsi, un ralentissement de l’économie, qui n’est pourtant toujours pas en récession, suffit à faire dérailler une politique majeure en matière de modification des comportements de culture et de consommation. Bien sûr, il est naturel que la hausse spectaculaire des prix alimentaires, bien au-delà de l’inflation générale, conduise à réfréner les ardeurs des consommateurs, mais de là à faire reculer la part du bio, il y a tout de même un problème.

Cette situation conduit à penser que ces modifications comportementales semblent plus faciles à effectuer quand la croissance et le pouvoir d’achat sont là que quand ils s’évanouissent. Cela ressemble à une évidence, mais contredit l’hypothèse selon laquelle une décroissance serait en mesure d’accélérer la transition vers une économie bas carbone. Le soulèvement des « gilets jaunes » nous a donné un avant-goût de la sensibilité des citoyens au pouvoir d’achat.

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Bonne nouvelle tout de même, le rapport Pisani-Ferry - Mahfouz nous assure que, finalement, « nous ne sommes pas durablement condamnés à choisir entre croissance et climat ». Le produit intérieur brut de la France a progressé de 50 % entre 1995 et 2019, quand l’empreinte carbone a chuté de 20 % sur la même période. La désindustrialisation n’explique pas à elle seule le phénomène. Ce qui ne signifie pas un renoncement à la sobriété, indispensable si l’on veut accélérer la cadence, ni à une modification des comportements.

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