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Le bobo Darmanin mais façon « bordel-bon sens » [Le point de vue de CL]

Le bobo Darmanin mais façon « bordel-bon sens » [Le point de vue de CL]

Photo AFP

Par Maurice BONTINCK - m.bontinck@charentelibre.fr, publié le 31 janvier 2023 à 9h15.

Retrouvez notre éditorial du mardi 31 janvier.

Comment peut-on voir qu’un projet politique et sa fragile majorité sont dans une impasse ? Ce n’est pas en comptant les manifestants, les grévistes et les pourcentages toujours plus élevés d’opinions défavorables. Ces chiffres-là font partie des causes...

Comment peut-on voir qu’un projet politique et sa fragile majorité sont dans une impasse ? Ce n’est pas en comptant les manifestants, les grévistes et les pourcentages toujours plus élevés d’opinions défavorables. Ces chiffres-là font partie des causes qui peuvent amener dans un goulet d’étranglement politique et social. Mais quand vous êtes au pouvoir et disposez d’autant de véhicules législatifs type 49.3 ou 47.1, vous pouvez toujours passer en force ou par la bande d’arrêt d’urgence pour trouver une porte de sortie.

Là où le fond du mur de l’impasse se rapproche, c’est au moment où votre communication politique change du tout au tout en un week-end. La bataille de l’opinion étant perdue, les ministres cherchent moins à convaincre de la « justice » ou de « l’équilibre » de la réforme des retraites pour d’abord essayer de discréditer leurs oppositions. Mieux vaut parler de la forme des adversaires plutôt que du fond des retraites, la « pédagogie » gouvernementale ayant montré ses effets contre-productifs.

Quand il s’agit d’allumer des contre-feux avec peu de finesse mais beaucoup de « karchers » sémantiques, le meilleur des ministres reste Gérald Darmanin qui veut parler comme « au café qui est le Parlement du peuple, du contact humain ». Dans son long entretien dimanche au Parisien, les accusations contre « l’arnaque » Nupes qui « bordélise » le pays et veut « une société bobo sans travail, sans effort » sont aussi classiques que la référence permanente à sa « maman femme de ménage » dont la « gauche hypocrite n’a jamais réglé le cas » pour qu’elle puisse prendre sa retraite pleine avant 67 ans. Peu importe que la nouvelle réforme ne change rien. Ce n’est pas très grave non plus que l’un des exemples mis en avant par le gouvernement, celui des apprentis qui pourraient partir plus tôt, oublie de préciser que c’est à la condition d’acheter soi-même certains de ses trimestres d’apprentissage.

Dans cette bataille de l’opinion, Élisabeth Borne comme son ministre de l’Intérieur cherchent d’abord à convaincre que les « fake news » comme le « bordel » viennent des camps d’en face. Avec des mots qui oscillent entre violence et vulgarité. Comme s’il fallait hystériser le débat pour mieux expliquer que cela pourrait déborder et se radicaliser dans la rue ce mardi. Et qu’au-delà de la réforme impopulaire, le gouvernement sera toujours là pour remettre de l’ordre si cela dérape. Avec un Gérald Darmanin toujours plus « bobo » mais façon « bordel-bon sens » plutôt que « bourgeois-bohème ».