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Le Boeing 747, la « reine des cieux », tire sa révérence

Le dernier jumbo-jet est sorti des lignes d’assemblage du constructeur américain le 7 décembre, mettant un point final à l’histoire de cet appareil quinquagénaire.

Earth Wind & Fire, Dr. Dre ou Kiss l’ont célébré : cinquante-trois ans après son premier vol, le 9 février 1969, le 1 574e et dernier Boeing 747 est sorti de la ligne d’assemblage final de l’usine de l’avionneur américain, à Everett, à environ 45 kilomètres au nord de Seattle, dans l’Etat de Washington (Etats-Unis). Il devrait être livré, au début de l’année 2023, à Atlas Air, une compagnie cargo, qui le louera au groupe de logistique Kuehne + Nagel.

There she goes! The last 747 has left our Everett factory ahead of delivery to Atlas Air in early 2023.… https://t.co/f3w46mLo01

— BoeingAirplanes (@Boeing Airplanes)

Le 747, aussi appelé jumbo-jet – et affublé d’une ribambelle de surnoms affectueux, comme The Whale (la baleine), The Valiant (le vaillant), Upstairs and Downstairs (en haut et en bas), Lump (la bosse), Humpback (la baleine à bosse), Queen of the skies (la reine des cieux) a été conçu dans les années 1960. A cette époque, le nombre de passagers transportés ne cesse d’augmenter, porté par le succès des Boeing 707, Douglas DC-8 et Caravelle, qui ont révolutionné les voyages en avion.

Créer un géant des airs

La genèse de l’appareil fait partie de l’histoire de l’aéronautique. En août 1965, alors qu’il est en vacances, Joseph F. Sutter, le « père » du 747, reçoit un coup de fil de la direction du constructeur qui lui demande de con­cevoir un nouvel avion, à fuselage large, deux fois et demie plus gros que ceux alors en circulation. Avec une équipe de 4 500 ingénieurs, il se met à la tâche.

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Au départ, le projet est loin d’être prioritaire pour Boeing : les supersoniques pointent le bout de leur nez. Deux ans auparavant, à l’occasion d’un discours télévisé, le 14 janvier 1963, Charles de Gaulle emploie le mot « Concorde » pour désigner le futur avion franco-britannique.

Boeing souhaite faire de son appareil un gros-porteur destiné au fret. Mais Juan Trippe, le fondateur de la Pan American Airways, plaide pour une version passagers. Plus gros client potentiel, le patron de la mythique compagnie aérienne américaine suit de près sa conception. Les équipes de « Joe » Sutter songent tout d’abord à faire un appareil sur deux niveaux, avec un couloir unique, avant d’opter finalement pour un quadriréacteur doté d’une très large ­cabine surmontée d’un pont supérieur pour le poste de pilotage et un salon.

Capable d’embarquer 360 voyageurs sur une distance de plus de 8 500 kilomètres, le premier bicouloir de l’histoire de l’aéronautique sort des ateliers de Boeing le 30 septembre 1968. Le vol d’essai inaugural se déroule quelques mois plus tard, le 9 février 1969. « Je n’ai jamais été inquiet pour le faire voler, ­raconta plus tard son concepteur. La vraie inquiétude était de faire atterrir quelque chose d’aussi gros. » Pourtant, lors de ce vol d’un peu plus d’une heure, le pilote déclara : « Il a presque atterri tout seul. »

La Pan Am, bientôt suivie par les autres grandes compagnies, en commande vingt-cinq, ce qui pousse Boeing à bâtir la plus grande usine du monde pour les construire. Le premier vol commercial, lui, fut effectué en 1970 entre New York et Londres. Neil Armstrong, qui a posé le pied sur la Lune un an plus tôt, dit alors du 747 que c’est « un appareil qui a changé à tout jamais les voyages au long cours ».

Le transporteur de présidents et de navettes spatiales

Au fils des ans, le jumbo-jet s’est décliné en plusieurs versions et a assumé de nombreux rôles au cinéma dans des films catastrophe, comme 747 en péril et Les Naufragés du 747, mais aussi Air Force One ou encore 58 Minutes pour vivre.

Il a surtout été capable de transporter près de cinq cents passagers, des présidents américains à bord de Air Force One, et même des navettes spatiales. Il est aussi longtemps resté le plus gros avion commercial au monde… jusqu’à l’arrivée de l’Airbus A380.

Mais depuis, Boeing et Airbus ont lancé de nouveaux avions à fuselage large volant sur deux moteurs – au lieu de quatre comme le 747 –, plus économes en carburant et plus rentables. En 2016, dans une publication financière auprès de la Securities and Exchange Commission, l’organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers, Boeing évoque l’arrêt potentiel de sa production en raison de l’insuffisance de la demande pour cet appareil. En février 2019, Airbus, à son tour, annonce la fin de l’A380, faute de commandes.

En octobre 2022, quelque quatre-cent-quarante-sept Boeing 747 étaient encore en service, essentiellement pour le fret. Delta Airlines, dernière compagnie aérienne américaine à l’utiliser pour des vols passagers, l’a retiré du service fin 2017. Certaines compagnies internationales, comme la Lufthansa ou Korean Air, continuent pourtant de le faire voler.

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Pierre Bouvier (avec AP)

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