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Le chaos du 49.3 [Le point de vue de CL]

Le chaos du 49.3 [Le point de vue de CL]

Photo AFP

Par Maurice BONTINCK - m.bontinck@charentelibre.fr, publié le 23 mars 2023 à 22h06.

Retrouvez notre éditorial du vendredi 24 mars.

Il y aurait pu avoir un mort. À l’heure où vous lirez ces lignes, il y en aura peut-être un. La tragédie se rapproche, au point qu’il va falloir s’en remettre à un miracle pour qu’elle soit évitée de justesse. Les violences débordent. De partout comme de chaque côté. Des...

Il y aurait pu avoir un mort. À l’heure où vous lirez ces lignes, il y en aura peut-être un. La tragédie se rapproche, au point qu’il va falloir s’en remettre à un miracle pour qu’elle soit évitée de justesse. Les violences débordent. De partout comme de chaque côté. Des cortèges toujours plus déterminés mais jusque-là pacifiques, aux forces de l’ordre jusque-là en contrôle mais aujourd’hui dépassées.

En cette journée du 23 mars 2023, la vie perdue aurait pu être celui de ce CRS aux urgences pour ce pavé reçu au milieu du chaos et des grands boulevards parisiens. Cela aurait pu être ce grand-père au sol après une charge de matraques indifférentes aux visages d’en face. Ou cette enseignante normande au pouce arraché par une grenade qui pouvait finir sur sa tête.

Ce ne sont pas des cas isolés. Ce sont des miracles. C’est le chaos qui s’invite au cœur de deux mois de mobilisations sociales jusque-là saluées par tous mais qui n’ont pas fait varier le pouvoir et son projet de réforme de retraites.

Le pire dans tout cela est qu’il n’y a rien de surprenant. Tout était prévisible, tragiquement attendu. Face à ces manifestations qui pouvaient sembler s’étioler, une mèche a tout rallumé jusque dans la colère de ceux qui ne manifestent pas mais se déclarent toujours autant solidaires des cortèges regonflés et endurcis. Cette mèche, c’est un chiffre : le 49.3.

Le peuple, la foule, les citoyens, les opposants à la réforme comme nombre de députés de la majorité, tous savaient qu’il fallait aller au vote de l’Assemblée. Le vote est perdu ? C’est une crise politique. Le vote est gagné ? C’est une victoire fragile mais c’est une victoire démocratique. Le 49.3 ? C’est une crise de régime, un chaos social, un climat de révolte. Dans les manifs comme au cœur des foyers même non politisés, ce 49.3 non seulement ne passe pas mais aura en plus des conséquences au-delà de la flambée sociale de ces derniers jours. Comment convaincre le citoyen d’aller voter quand ses représentants à l’Assemblée en sont empêchés pour des lois aussi décisives que le report de l’âge de la retraite ?

L’interview d’Emmanuel Macron n’a fait que renforcer, là aussi comme prévu, les cortèges puis leurs débordements. Parce qu’en plus d’évacuer cette question, il est passé aussi vite aux projets pour sa France d’après. Comme si celle d’aujourd’hui s’était évaporée avec les neuf voix d’avance de la motion de censure.

Aujourd’hui face au chaos du 49.3, le cas du Président importe moins que celui d’un pays en plein tremblement. Avec des secousses et des répliques dont on ne connaît pas la nature mais déjà leur venue. Il faudrait là aussi un miracle pour apaiser le pays. À part une censure de la loi par le Conseil constitutionnel, on ne voit pas.