France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

« Le Charcutier cinéaste », sur France 3 : un tendre portrait familial

Remy Batteault filme ses parents, anciens charcutiers à Beaune (Côte d’or), en particulier son père, devenu auteur primé de films en super-8.

FRANCE 3 BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ – JEUDI 6 OCTOBRE À 22 H 50 – DOCUMENTAIRE

Il faut à la fois remercier France 3 Bourgogne-Franche-Comté de programmer Le Charcutier cinéaste (2022) et se demander pourquoi la maison mère ne pense pas digne d’une diffusion nationale ce nouveau documentaire de Remy Batteault, dont la finesse et l’humour délicieusement piquant font mouche dans le portrait qu’il fait d’un père à la destinée singulière.

Roger Batteault fut pendant cinquante ans, avec son épouse Josette – le fameux duo « Ro-sette », lui en « laboratoire », elle en boutique –, le tenancier d’une charcuterie de renom à Beaune (Côte-d’Or), où l’on trouvait une rosette d’exception et un jambon persillé de derrière les tonneaux. Le fils et la fille Batteault n’ayant pas l’âme charcutière – grand regret qui fait encore soupirer les parents –, le négoce, en 2003, passa entre d’autres mains.

Mais Roger Batteault était de longue date féru de super-8 et s’était perfectionné dans l’art du montage. « Mon premier vrai film était sur le jambon persillé », dit-il face à la caméra de son fils, devenu, lui, professionnel de la chose filmée, initié par le paternel. Mais ce dernier s’échappe vite de son cadre professionnel en allant tourner dans les champs et jardins, observant les fleurs et les insectes qui s’y posent, avec une magnifique caméra Beaulieu vintage, dont le téléobjectif lui donne les proportions et le profil d’une Bugatti Royale Type 41 de 1927.

Mascotte internationale

Ses courts-métrages, au grain succulent et à la lenteur exquise, ont frappé le monde des festivals, dont Roger Batteault est devenu la mascotte internationale, de Cannes à Rio en passant par Londres, où le festival Straight Eight l’a invité pour sa 20e édition. Et les trophées cinématographiques ont rejoint sur les étagères les coupes de concours charcutiers.

La manière dont Remy Batteault filme fait penser à la fantaisie de bric et de broc, sans façon mais si élégante et fine, d’Agnès Varda – un héritage spirituel dont il se revendique volontiers. D’ailleurs, Agnès Varda apparaît dans Le Charcutier cinéaste, par l’entremise d’un extrait de son documentaire Deux ans après (2003) : on y voit la réalisatrice rendre visite à la charcuterie Batteault et repartir avec, sous le bras, des rosettes de compétition (douze fois gagnées) de Roger.

Au-delà de l’hommage affectueux au père, Remy Batteault dresse un portrait familial où sa mère a toute sa place : Josette gère la seconde carrière de son époux, incarne les narratrices en voix off de ses films (le tout enregistré dans le studio-atelier-garage de Roger) et l’accompagne partout où les festivals le mènent.

Gymnastique pour le cerveau

On se demande d’abord pourquoi Josette est assez longuement filmée alors qu’elle est attablée devant un sudoku. Puis on comprend. Il est question de gymnastique pour le cerveau, de jours avec, et de jours sans, ceux où « le cerveau est un petit peu en vacances », comme il est dit pudiquement. Plus tard, c’est une visite chez une clinicienne…

Cette dernière, en faisant commenter par Josette de vieilles photos, s’attache à stimuler une mémoire dont, désormais, se soustraient parfois des tranches de vie passée. Comme pour tout le reste de ce merveilleux film – qui dépeint affectueusement « la famille sans le familialisme », comme disait Roland Barthes de la sienne –, c’est dit sans avoir l’air d’y toucher. Et c’est pour cela que cela touche autant.

Le Charcutier cinéaste, de Remy Batteault (Fr., 2022, 52 min). Disponible sur France.tv dès le 7 octobre.

Renaud Machart

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.