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« Le Club des libéraux », de Bernard Quiriny : : la chronique « philosophie » de Roger-Pol Droit

Roger-Pol Droit

Il est à la fois professeur de droit et écrivain. Et conjugue dans ce manuel ces deux versants de ses activités pour évoquer l’unité d’ensemble du libéralisme.

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« Le Club des libéraux », de Bernard Quiriny, Cerf, 352 p., 24 €, numérique 15 €.

CONVERSATIONS ANIMÉES CHEZ LES LIBÉRAUX

Les malentendus sont partout. Mais dès que l’on parle des libéraux et de leurs analyses, on atteint des records. Fréquemment, on les croit partisans acharnés de la croissance, défenseurs arrogants du capitalisme, ennemis farouches de l’existence de l’Etat… sans se soucier de ce que sont réellement leurs multiples perspectives – juridiques et mo­rales, philosophiques et économiques, sociales et politiques. En fait, leur courant de pensée a plus de trois siècles. Il est polymorphe, autrement riche et subtil que ses caricatures.

Pour le faire comprendre, Bernard Quiriny a imaginé un dispositif ingénieux. Au lieu de rédiger un manuel, façon « pensée libérale pour les nuls », il rapporte les conversations, fort animées, d’un club imaginaire. Une dizaine d’amateurs éclairés constituent ses membres assidus. Ils se réunissent, certains vendredis, pour d’amicales mais intenses disputes. Nadine, par exemple, ­admire éperdument John Locke (1632-1704) et défend mordicus les vieux principes du droit naturel et leur application dans le monde actuel. Raymond, physique de basketteur, ne cesse de lui opposer le point de vue des utilitaristes, qui se défient des principes abstraits et, depuis Jeremy Bentham (1748-1832), s’appuient plus volontiers sur des arguments économiques.

« Etat d’esprit » plus que doctrine

Atmosphère : canapés cuir, ­verres de cognac, tweed et jersey. Mais on apprend beaucoup, et plaisamment. Ce n’est pas un hasard, puisque Bernard Quiriny est à la fois professeur de droit à l’université de Bourgogne et écrivain. Il conjugue ici ces deux versants de ses activités pour évoquer l’unité d’ensemble du libéralisme, « état d’esprit » plus que doctrine monolithique, divisé en permanence entre les deux grandes familles déjà évoquées : les tenants des droits naturels et ceux qui professent que l’utilité est « la solution suprême de toute question de morale », comme disait John Stuart Mill (1806-1873).

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Les activités de ce « club des ­libéraux » – c’est le titre du livre – se partagent entre discussions ­informelles, exposés polémiques, jeux et parties de campagne. Au fil des réunions se trouvent évoqués la raison d’être de l’Etat, ses missions, les risques de leur extension abusive, mais aussi la propriété privée, l’inégalité des for­tunes, la balance des pouvoirs, le statut du travail, les justifications de l’impôt et les critiques qu’elles suscitent, sans oublier l’évolution du libéralisme, son destin et son possible avenir. Le récit des joutes intellectuelles est brillant, instructif, parfois artificiel dans le parti pris narratif, mais il offre l’occasion de découvrir la richesse et les nuances d’un courant de pensée auquel « la plupart des gens ne connaissent rien », en tout cas pas assez. Au lieu d’un tableau chronologique, Bernard Quiriny a choisi de mettre en lumière les grands axes de la réflexion libérale aux prises avec le détail des questions politiques et morales. Pour soutenir ou combattre chaque argument, ses personnages n’hésitent jamais à convoquer des auteurs que séparent plusieurs générations, certains illustres, d’autres moins connus.

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