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«Le Croque-mitaine», casse trouille

Variation sur un thème éprouvé, celui de la peur du noir – irraisonnée, irrépressible, insurmontable. Où se niche le croque-mitaine du titre, qui s’en prend à des familles vulnérables, affaiblies par un deuil et donc toutes disposées à se faire avaler par les ténèbres, destination : grand nulle part. Depuis que l’horreur se redessine à l’écran en traits rectilignes, après des années à se perdre en détours cyniques ou frimeurs, les surprises s’enchaînent mais on attend toujours le film qui tapera vraiment dans le mille – sans pitié, sans chichis, sans ciller.

Scènes d’accalmie au nécessaire vital

Découvert avec l’étonnant et très artisanal Host, où une séance mediumnique en visioconférence tournait au désastre, Rob Savage manque de peu le sans-faute espéré. Réduisant les respirations et scènes d’accalmie au nécessaire vital, il joue ici la carte de la tension permanente. Portes qui claquent et s’entrouvrent, placards affolants, plongées intenables dans un ultra-noir où luisent seulement, parfois, à peine discernables, deux points brillants : on traverse le Croque-mitaine en apnée, comme une version augmentée, lissée et savamment diluée de l’éprouvant premier tiers de Barbare ou un Smile servi sans ménagement, toutes les aiguilles dans le rouge. Jusqu’à ce que la lumière se rallume, que les victimes médusées se transforment d’un coup en héros badass triomphant du mal à coups de répliques définitives et de symboles protecteurs, et que la créature du film perde tout intérêt à mesure qu’elle devient visible, palpable, concrète.

Restent de beaux moments de flip et une poignée d’idées ingénieuses (la séance de psy avec la lampe clignotante), voire franchement démentes (la pièce éclairée par l’écran de jeu vidéo). Qui ne suffisent pas, hélas, à faire de cette très libre adaptation d’une nouvelle de Stephen King (seuls subsistent l’idée de départ et quelques personnages), la vivifiante saignée qu’elle aurait pu être.

Le Croque-mitaine de Rob Savage, avec Sophie Thatcher, Chris Messina, Vivien Lyra Blair… 1h38.