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Le dandy Bob Colacello exhume le New York jet-set des seventies

Par Roxana Azimi

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PortraitAvec Andy Warhol, son mentor, le volubile touche-à-tout américain, qui fut journaliste, écrivain et photographe, a couru les soirées mondaines du New York des années 1970, côtoyant toutes les célébrités du moment. De ces folles années, il a conservé des clichés, exposés à Paris.

Bob Colacello, à la galerie Thaddaeus Ropac, à Paris, le 20 janvier 2023.
Bob Colacello, à la galerie Thaddaeus Ropac, à Paris, le 20 janvier 2023.

Regard tranchant, sourire éclatant, Paloma Picasso toise l’objectif. Mick Jagger et Jerry Hall, alors amoureux, brillent de leur superbe. Comme Bianca Jagger, l’ex à l’œil de jais. La galerie Thaddaeus Ropac, à Paris, fait défiler la jet-set des années 1970 : l’acteur Richard Gere, l’artiste Robert Rauschenberg, le photographe Robert Mapplethorpe… Et surtout Andy Warhol, imperturbable en toute situation.

En quatre-vingts instantanés datés de 1976 à 1983, leur auteur Bob Colacello ravive ces années disco, gorgées d’excentricité, où chacun pouvait prétendre être quelqu’un d’autre le temps d’une nuit. « On rêvait du Paris des années 1920 avec Josephine Baker ou de l’Amérique des années 1930 avec Clark Gable et Greta Garbo », se souvient l’ancien rédacteur en chef du magazine culte Interview. Armé de son Minox miniature, il n’a pas perdu une miette des soirées où se mêlaient les personnalités du rock, des lettres et des arts. Son entregent l’a même conduit à la Maison Blanche, où il a immortalisé Jimmy Carter et les Reagan.

Hyperactif désinvolte

A 75 ans, le journaliste-écrivain-photographe a abandonné le clubbing. « Trop vieux. A mon âge, vous ne pouvez plus boire, danser, prendre de la cocaïne et sentir battre votre cœur avec frénésie, glisse-t-il sans regret. Mais, rassurez-vous, je ne suis pas un homme “sain”. S’il y a bien un mot que je déteste, c’est celui de “bien-être”. » L’hyperactif désinvolte, qui a longtemps tenu la chronique célébrités de Vanity Fair, court toujours les mondanités. En septembre 2022, il a même défilé pour le styliste Tommy Hilfiger.

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Car Bob Colacello est un mythe new-yorkais, à l’instar de son amie Fran Lebowitz, dont il partage le mordant. Comme la chroniqueuse au débit de mitraillette, le râleur lunetté adore tout dézinguer, amis comme ennemis – et encore plus son époque. Bob Colacello a traversé les décennies, interviewé Balthus et le prince Charles, sans jamais cesser de regarder dans le rétroviseur. Sa montre s’est arrêtée sur les seventies, à l’hédonisme libérateur, quand s’effondraient les dernières barrières sexuelles, raciales et sociales. « Toutes les planètes étaient réunies », résume-t-il.

Difficile pour le septuagénaire de s’adapter aux usages du moment. Bob Colacello n’a pas de smartphone. Et, s’il a bien un compte Instagram, c’est sa galerie new-yorkaise, Vito Schnabel, qui l’alimente. « Pour tout dire, je déteste la technologie, l’intelligence artificielle, tout ce qui a inutilement compliqué notre vie », marmonne le dandy de l’Upper East Side, qui regrette l’époque « où l’on piquait juste votre portefeuille sans hacker votre compte en banque ».

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