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Le « Don Carlo » puissant et poétique de Claus Guth ouvre la saison d’opéra à Naples

Portée par une magnifique distribution internationale, la scène napolitaine a présenté avec succès le chef-d’œuvre de Verdi dans sa rare version en cinq actes et en italien.

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Le directeur du Teatro San Carlo, Stéphane Lissner, en a rapidement été convaincu : impossible de maintenir la soirée d’ouverture de sa nouvelle saison lyrique, avec officiels et dîner de gala, alors que l’île d’Ischia venait d’être frappée d’une catastrophe climatique et que les équipes de secours s’employaient à sauver les personnes ensevelies sous la boue.

La scène napolitaine a donc attendu le mardi 29 novembre pour accueillir la nouvelle production du Don Carlo de Verdi, mise en scène par Claus Guth, dans la rare version italienne en cinq actes de l’opéra (selon les musicologues il existerait entre cinq et sept versions), ressuscitée en 1977 pour le bicentenaire de la Scala de Milan par Claudio Abbado (1933-2014), qui l’enregistra dans la foulée avec des chanteurs différents.

Une partition qui mixe grosso modo la version originale en français écrite pour l’Opéra de Paris en 1867 et l’adaptation italienne de 1884 en quatre actes, la plus fréquemment proposée. Il faut une vision et du souffle pour animer ce magnum opus qui relate le destin sans amour et sans gloire de l’infant d’Espagne, Carlo. Privé de bonheur conjugal par son père, le roi Philippe II, qui épouse sa fiancée, Elisabeth de Valois. Privé de gloire politique par son ami Rodrigo, qui mourra pour lui en prison après avoir soutenu la révolte des Flandres contre l’oppression espagnole.

Merveilleux Bouffon

Marqué du sceau de la folie dès le prologue, Carlo est un être flottant, impuissant à trouver sa place comme à vivre au sein de la dynastie royale. Claus Guth a flanqué le fond de scène du célèbre tableau de Goya La Famille de Charles IV (1800), lequel s’obscurcira au fur et à mesure que l’infant se verra piétiné par son père. Lequel cherchera même auprès du Grand Inquisiteur l’absolution d’un assassinat d’Etat devenu inévitable depuis qu’il a pris conscience de la rébellion politique de son fils et de l’amour incestueux qu’il porte à celle qui est devenue sa belle-mère. Son attachement névrotique à l’enfance est symbolisé par les vidéos en noir et blanc de Roland Horvath, qu’animent les duels à l’épée de bois de deux garçons diaphanes, Carlo et Rodrigo, futur marquis de Posa. De même, les arbres hivernaux de la forêt de Fontainebleau, lieu de la rencontre entre Carlo et Elisabeth, réapparaissent en filigrane au cours du spectacle.

L’idée la plus saisissante est celle du Bouffon, merveilleux personnage à la taille d’enfant, comme sorti d’une toile de Vélasquez (Bouffon Don Sebastian de Morra), que Claus Guth scénarise à l’instar d’une didascalie visuelle. Entre ironie et compassion, tour à tour cupidon facétieux, elfe capricant, tendre ou batailleur, le nain épouse les désirs et les obsessions de Carlo, dont il est en quelque sorte la projection de l’inconscient. Ainsi, lorsqu’il mime les noces de la reine enceinte avec l’infant, alors que ceux-ci sont en fait en train de se dire adieu. Un personnage de songe d’une nuit d’hiver qui disparaîtra à la fin comme par enchantement.

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