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Le froid est-il vraiment la raison de nos rhumes en hiver ?

Comme tous les mythes, celui du "coup de froid" a la peau dure. Si les rhumes sont en effet bien plus fréquents pendant l'hiver, le froid n'en néanmoins est pas directement responsable. Explications du Pr Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l'hôpital Saint-Louis à Paris.

Le début du mois de décembre signe l'arrivée de l'hiver et du froid, avec des températures de plus en plus basses. Et qui dit froid dit retour de cette fameuse phrase : "attention, tu vas attraper froid". Le problème ? Il s'agit en fait d'une idée reçue. Avant tout parce que si le froid est désagréable, il n'est pas une maladie : "Ce n'est pas lui qui vous rend malade, mais l'infection par un virus", explique tout simplement le Professeur Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l'Hôpital Saint-Louis, à Paris. Autrement dit, c'est lors d'un contact rapproché avec ou une personne malade ou en touchant un objet ou un support sur lesquels se trouve un virus ou une bactérie, que l'on se contamine.

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S'il ne nous rend pas directement malade, le froid nous affaiblit

Mais attention toutefois : les baisses de températures ne sont évidemment pas sans danger pour vous. Selon une étude publiée le 6 décembre 2022 dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology, une réponse immunitaire auparavant non-identifiée située à l'intérieur du nez est amoindrie voire supprimée lorsque les températures sont plus froides, alors même qu'elle permet normalement de combattre les virus responsables des infections. Des chercheurs de la Harvard Medical School et de la Northeastern University au Canada ont voulu déterminer si cette réponse immunitaire pouvait être déclenchée par des virus à l'origine d'infections respiratoires.

"Conventionnellement, on pensait que la saison du rhume et de la grippe se produisait pendant les mois les plus froids parce que les gens sont davantage coincés à l'intérieur où les virus en suspension dans l'air pourraient se propager plus facilement", indique le Dr Benjamin Bleier, auteur principal de l'étude. Chaque virus a en effet déclenché une réponse des cellules nasales : les vésicules extracellulaires agissent comme des leurres, c'est-à-dire qu'elles peuvent éliminer les virus dans le mucus avant qu'ils ne se lient aux cellules nasales. Mais, exposée à des températures plus froides, cette réponse immunitaire a eu tendance à s'affaiblir : les quantités de vésicules sécrétées par le nez (destinées à protéger des infections) diminuaient de près de 42%. Les protéines antivirales étaient elles aussi altérées. "Nous avons découvert un nouveau mécanisme immunitaire dans le nez, qui est constamment bombardé, et nous avons montré ce qui compromet cette protection."

"Le froid favorise certaines maladies", poursuit le Pr Crémieux, "parce qu'il engendre une irritation de la muqueuse respiratoire." Une irritation qui prépare donc le terrain pour d'éventuelles infections : la muqueuse respiratoire -qui sert de barrière naturelle- étant fragilisée, elle joue moins bien son rôle, laissant une porte d'entrée aux bactéries et virus.

D'autre part, notre corps n'étant pas naturellement conçu pour lutter contre les chutes de mercure (là où la transpiration nous permet d'évacuer la chaleur), les vagues de froid pompent une bonne partie de notre énergie, diminuent nos défenses immunitaires et provoquent une surmortalité notamment due à la hausse des accidents cardio-vasculaires.

La science ignore encore pourquoi les virus aiment le froid

Mais pas seulement, puisque l'on constate également que les virus circulent beaucoup plus l'hiver. Très bien, mais pourquoi ? "L'hiver, nous sommes beaucoup plus souvent à l'intérieur. Et comme nous l'avons vu avec l'épidémie de Covid, les virus se transmettent plus facilement dans les milieux clos", explique le Professeur Crémieux, avant de confesser une certaine impuissance : "Mais de façon plus générale, on ne sait pas fondamentalement pourquoi les périodes de froid favorisent autant dans la circulation des virus. Ça s'est d'ailleurs aussi révélé pendant cette épidémie : non seulement le caractère saisonnier d'un virus est difficile à prévoir, mais on ne sait pas encore le lier à des caractéristiques structurales ou fonctionnelles du virus. Ça reste quelque chose de très mal connu."

Le fait que nous tombions plus souvent malades l'hiver serait donc une simple coïncidence ? Pas pour les chercheurs suédois de l'Université de Gothenburg, qui avaient observé en 2017 que la grippe apparaissait après une première période de temps froid et sec, ladite sécheresse allégeant les microparticules de l'air ambiant et favorisant les mouvements viraux. "Mais enfin tout ça me paraît assez fragile", commente le Professeur Crémieux, au fait de l'étude. "La vérité, c'est qu'on ne sait pas grand-chose."

Quoi qu'il en soit, cet hiver comme tous les autres, il nous faudra lutter contre la maladie en répétant les gestes sanitaires que nous connaissons aujourd'hui tous par cœur, mais aussi en évitant les fortes variations thermiques (les fameux "chaud-froid") qui destabilisent l'organisme en diminuant nos défenses immunitaires. Alors ne surchauffez pas votre intérieur, aérez quotidiennement votre intérieur pour renouveller l'air et superposez les couches de vêtements. Le printemps finira par arriver !

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