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Le gouvernement prolonge l'aide à l'apprentissage en 2023 mais réduit la voilure

Les primes de 5000 euros pour les mineurs et de 8000 euros pour les majeurs seront toutes deux ramenées à 6000 euros.

Après deux années d'un investissement colossal, le gouvernement ne compte pas délaisser les apprentis. Lors d'un déplacement conjoint aux Établissements Maleville, une menuiserie d'art qui forme de nombreux jeunes alternants à Paris, le ministre du Travail, Olivier Dussopt et la ministre déléguée chargée de la formation professionnelle, Carole Grandjean, ont annoncé en 2023 la poursuite des aides à l'apprentissage.

À la suite de multiples concertations avec les acteurs du secteur, l'exécutif a décidé de maintenir un effort conséquent pour ces publics tout en diminuant légèrement la voilure. Ainsi, à partir du 1erjanvier 2023, les primes de 5000 euros pour les mineurs et de 8000 euros pour les majeurs seront toutes deux ramenées à 6000 euros. Cette somme sera versée à toutes les entreprises pour les contrats conclus avec un alternant durant la première année d'exécution du contrat. «Ce soutien permettra de faire de la France une véritable Nation de l'apprentissage au service du plein-emploi», se sont réjouis les deux ministres.

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L'ambition de cette évolution est multiple. Il s'agit avant tout de concentrer plus fortement les efforts de l'État sur les jeunes en CAP ou en lycée professionnel tout en diminuant les effets d'aubaines sur les publics plus qualifiés et dont les bénéfices de l'apprentissage sont moins élevés. Au printemps dernier, la Cour des comptes avait justement vivement critiqué l'action du gouvernement sur ce point dans un rapport au vitriol. Que ce soit au sujet de la réforme de 2018 ou des aides allouées depuis l'été 2020, les Sages regrettaient un manque de ciblage de l'action publique tout en déplorant que les sommes stratosphériques investies par l'État bénéficiaient peu aux jeunes ayant le plus de difficultés à s'insérer dans l'emploi. Une double peine. Si l'alternance a connu un essor quantitatif indéniable, cette hausse ne correspond pas «aux objectifs historiquement associés à la politique de l'apprentissage», étrillait les magistrats.

C'est un très bel investissement dans notre jeunesse qui vaut la peine

Élisabeth Borne

L'autre enjeu pour l'exécutif était de diminuer, dans une proportion mesurée, le concours de l'État. En effet, en 2021, les primes de 5000 à 8000 euros versées aux entreprises ont représenté pas moins de 4,4 milliards d'euros. À l'avenir, la prime de 6000 euros devrait nécessairement faire baisser la facture. Mais assez peu – et c'est le souhait du gouvernement – pour faire en sorte que l'apprentissage puisse continuer à progresser durablement. En concernant plus de 700.000 jeunes en 2021 contre quelque 300.000 en 2018, le ministère du Travail n'entend pas mettre en danger la dynamique rencontrée sur l'apprentissage. Ce mécanisme qui allie théorie et pratique en entreprise – et qui bat record sur record depuis 2018 en termes de bénéficiaires – est un véritable tremplin vers l'emploi pour des centaines de milliers de jeunes chaque année. Et, de surcroît, il participe à la bonne santé du marché du travail puisque près d'un cinquième des créations nettes d'emplois depuis un an sont dues à l'apprentissage, selon l'Insee.

«C'est un énorme levier d'égalité des chances et je pense que c'est un très bel investissement dans notre jeunesse qui vaut la peine», avait déclaré Élisabeth Borne au printemps dernier. La première ministre a d'ailleurs fixé à son ministre du Travail d'atteindre le million d'apprentis en année pleine à l'issue de quinquennat. Nul doute que le maintien d'une prime considérable pour les jeunes facilitera la tâche d'Olivier Dussopt.

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