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Le média « Reporterre » dénonce une nouvelle entrave à la liberté d’informer

Assimilé aux activistes anti-OGM dont il couvrait une action, un journaliste du site d’information indépendant doit comparaître le 7 décembre pour des faits de dégradation volontaire.

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Le 7 décembre, Grégoire Souchay se rendra au tribunal de Rodez pour répéter ce qu’il a dit aux gendarmes qui l’ont auditionné le 24 février : s’il se trouvait, le 10 novembre 2021, dans les locaux du semencier RAGT à Calmont, dans l’Aveyron, c’est parce qu’il couvrait l’action des Faucheurs volontaires pour Reporterre. En tant que journaliste, il était là pour documenter et photographier les militants en train de mettre « hors d’état d’usage des semences de variétés rendues tolérantes aux pesticides », comme en attestent son article et ses photos mis en ligne le 12 novembre 2021 sur le site d’informations environnementales et sociétales.

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Ces explications n’ont pas empêché la gendarmerie de reprocher à ce journaliste aux dix ans d’ancienneté, titulaire d’une carte de presse, pigiste pour Reporterre et Libération, d’avoir « frauduleusement soustrait des sacs contenant des semences de colza » et « volontairement dégradé ou détérioré plusieurs sacs de semence », l’assimilant ainsi à un activiste. « Il n’y a aucune raison de me poursuivre, si ce n’est pour nuire à un média », proteste M. Souchay.

Le journaliste rappelle que « le temps et l’argent perdus dans cette procédure » sont incompatibles avec « un travail journalistique » pour lequel les lecteurs accordent leurs dons à Reporterre. « D’une certaine manière, on peut parler de procédure bâillon », abonde Hervé Kempf, le rédacteur en chef du site. « C’est de l’intimidation », ajoute Me Alexandre Faro, qui doit déjà défendre le média indépendant dans deux autres dossiers.

« Cela créerait un précédent »

En juin 2020, en effet, un journaliste avait passé dix heures en garde à vue et écopé d’une amende de 750 euros pour avoir suivi des manifestants sur la piste de l’aéroport Paris-Orly. Un recours hiérarchique auprès du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, était resté lettre morte. En octobre de la même année, deux reporters avaient été verbalisés d’une amende de 450 euros lors d’une action d’écologistes à l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle.

D’autres journalistes présents (France 3, Mediapart, l’AFP…, selon les situations) n’ont pas été inquiétés, remarque l’avocat, qui s’agace de ces « entraves à la liberté d’informer », visant un « petit média », devant trois tribunaux différents (de police, pénal et correctionnel). « C’est la culture même de la liberté d’informer qui est menacée », estime Hervé Kempf.

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Celui-ci cite en effet, en plus de ces procédures, les deux récentes décisions de justice empêchant Mediapart de publier une enquête sur le maire de Saint-Etienne, et Reflets.info de nouveaux articles sur Altice, fondés sur des données piratées (les décisions d’appel sont attendues mercredi 30 novembre). Si condamnation il devait y avoir, « en aucun cas nous n’accepterions, car cela créerait un précédent, et il n’en est pas question », ajoute Hervé Kempf. Une réunion d’information et de soutien est prévue, lundi 5 décembre, à la Bourse du travail de Paris.

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