France
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Le mode d’emploi d’Elisabeth Borne face aux coupures d’électricité

Les préfets savent comment occuper leur mercredi soir. Et les jours prochains. La Première ministre, Elisabeth Borne, s’apprête à leur adresser une circulaire pour préparer le pays à tous les scénarios en cas de pénurie d’électricité en janvier, y compris à des coupures locales de quelques heures. «Ce que l’on veut absolument éviter, c’est le black-out», indique une source gouvernementale. Des instructions sont donc données aux représentants de l’Etat sur le territoire pour préparer la population à ces coupures potentielles et en limiter l’impact.

Soucieux de ne pas susciter la panique, le gouvernement s’arme de précautions et de phrases au conditionnel. Les coupures n’interviendraient qu’en cas de «conjonction de plusieurs problèmes» lors d’une vague de froid. Pour en arriver là, il faudrait que les Français, prévenus trois jours à l’avance par un signal rouge de l’application Ecowatt – «la météo de l’électricité» – ne réduisent pas spontanément leur consommation d’électricité. Il faudrait également que se confirme un problème d’interconnexion avec des réseaux étrangers, comme celui de l’Allemagne, susceptible de pallier les carences de production des centrales françaises. Si la pénurie se confirme toujours à la veille du jour J, les Français des départements concernés pourront dès 17 heures regarder sur Internet si leur adresse est touchée par un délestage.

«Peau de léopard»

Ces délestages pourront intervenir le matin entre 8 heures et 13 heures, ou le soir entre 18 heures et 20 heures. Ils seront ciblés «dans une configuration en peau de léopard», c’est-à-dire sur des zones plus ou moins étendues du territoire. Aucun département ne fera l’objet d’une coupure au même moment. «L’idée est de ne pas délester deux fois de suite les mêmes personnes», ajoute un conseiller de l’exécutif.

Les commissariats, gendarmeries, casernes de pompiers et les établissements «liés à la continuité des soins» seront exemptés de coupures. De même que les sites industriels «particulièrement sensibles» dont la liste – qui ne sera pas publiée pour des raisons de sécurité – doit être établie par les préfets. Il s’agit aussi de protéger les 3 805 patients à haut risque vital recensés en novembre, dont la survie peut nécessiter un appareillage connecté au réseau électrique. Les collectivités locales, en particulier les mairies, seront mises à contribution pour accompagner les personnes âgées ou fragiles, comme lors des plans canicule.

Les Français vivant dans de grandes agglomérations, en particulier à proximité d’un hôpital, pourraient être épargnés pour des raisons techniques. Impossible de ne débrancher qu’un bâtiment d’une ligne électrique alimentant un quartier. «Evidemment, quand on dresse la carte ne serait-ce que des hôpitaux parisiens, couper des lignes électriques est un casse-tête que l’on ne sait pas résoudre, admet une source gouvernementale. Nous avons établi malgré tout le maximum de secteurs délestables à Paris et en petite couronne pour contribuer à l’effort évidemment.»

«On ne prendra aucun risque»

La circulation des trains pourrait être affectée à la marge, si l’approvisionnement en électricité n’est pas assuré pour l’ensemble d’un trajet. «On ne prendra aucun risque de se retrouver avec des trains bloqués deux heures en pleine voie», assure un conseiller. Les trains concernés devraient donc être repérés et annulés en amont. Les écoles ne seront pas concernées par les coupures en soirée, mais elles fermeront leurs portes le matin si leur adresse est recensée dans une zone par une coupure matinale.

Les gouvernements et les opérateurs téléphoniques et électriques ont encore un problème à résoudre sur les numéros d’appel d’urgence. Pendant les coupures, les Français seront invités à recourir au 112, numéro d’urgence européen accessible depuis tous les opérateurs téléphoniques, plutôt que le 15, le 17 ou le 18. «Il nous reste du temps pour cartographier les zones blanches 112», précise-t-on à Matignon. Une foule de détails reste à régler pour faire en sorte que personne ne reste bloqué dans un ascenseur ou un métro au moment des coupures. Le gouvernement compte mobiliser les acteurs des transports publics et du logement. Se préparer à toute éventualité, tout en espérant que les coupures pourront finalement être évitées.