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Le nucléaire, condition sine qua non à la réindustrialisation de la France (Le Maire)

« L'industrie nucléaire c'est l'histoire économique de demain », « il n'y a pas de grande nation industrielle sans énergie nucléaire »« EDF doit devenir le champion mondial de l'énergie ». Devant un parterre de salariés d'EDF, d'élus, d'étudiants et de journalistes et avec pour toile de fond une imposante turbine à vapeur de 75 mètres de long et de 7.000 tonnes, pièce maîtresse d'une centrale, Bruno Le Maire a sonné la mobilisation générale pour faire de la France une super puissance nucléaire.

« Pour qu'EDF soit ce leader, elle doit réussir deux chantiers absolument essentiels : la construction de six nouveaux EPR2, avec un premier réacteur opérationnel au plus tard en 2035, et si c'est 2034 c'est mieux, (...) et les SMR avec un premier réacteur pilote en 2030 », a estimé le ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, lors d'un discours galvanisant de près de 30 minutes depuis la centrale nucléaire de Penly, en Normandie. « Il se passera pour nos réacteurs la même chose que pour le Rafale » a-t-il assuré en vantant le succès commercial de cet avion de combat, dont 280 exemplaires ont été vendus à l'export.

Construire « 15 ou 20 » réacteurs nucléaires en plus : la solution pour faire de l'hydrogène décarboné en France, selon le PDG de TotalEnergies

Pas de place pour le conditionnel

Le ministre a fait part de sa détermination à mener « ce combat pour le nucléaire ». Selon lui, le nucléaire est « un combat de raison », « un combat de culture ». Dans ce discours aux tonalités presque martiales, Bruno Le Maire n'a pas laissé de place pour le conditionnel. Les mots, l'intonation, la scénographie... Tout confirme que la décision de construire six nouveaux EPR est entérinée et même irrévocable. Et ce, alors même que le débat public à travers lequel les Français ont la possibilité de se prononcer sur l'opportunité d'un nouveau programme nucléaire n'est pas encore fini. Cet exercice démocratique doit, en effet, s'achever le 24 février prochain. De quoi provoquer la colère des ONG environnementales, comme Greenpeace, Sortir du nucléaire ou encore France Nature Environnement, qui dénoncent l'hypocrisie de ce débat.

La venue de Bruno Le Maire sur la centrale de Penly, qui comprend deux réacteurs de 1.300 mégawatts, est, bien évidemment, loin d'être anodine. Le site représente en effet les deux grands champs de bataille à la fois de court et de long terme du gouvernement : dans un premier temps résoudre au plus vite le problème de corrosion sous contrainte qui affaiblit le parc nucléaire tricolore depuis plus d'un an, puis lancer dès que possible la construction de six nouveaux réacteurs. Un projet industriel pharaonique dont le coût est estimé à quelque 54 milliards d'euros.

Débuter les travaux avant juin 2024

Sur place, les réparations liées à la corrosion sous contrainte sont soldées pour le réacteur Penly 1 et EDF attend le feu vert du gendarme nucléaire pour s'attaquer à celles du deuxième réacteur. Surtout, Penly est un candidat idéal pour accueillir la première paire d'EPR 2. « Initialement, ce site industriel a été prévu pour construire quatre tranches nucléaires », rappelle Christophe Comtesse, le directeur technique de la centrale de Penly. Les bétons pour accueillir les deux réacteurs supplémentaires avaient ainsi été coulés dès les années 90. Toutefois, ces derniers devront être détruits pour faire place nette car les réacteurs de type EPR 2 ont un design industriel très différent et bien plus imposant.

 « La falaise devra être reprofilée », indique, pour sa part, Gabriel Obelin. Le directeur de projet pour les réacteurs EPR 2 a déjà un calendrier bien précis du déroulé des travaux. Si ces derniers débutent en juin 2024, « on sera au rendez-vous d'une mise en service en 2035 », affirme-t-il. Au programme : trois ans de travaux préparatoires, trois ans de génie civil, puis trois ans de montage électromécanique.

Recruter en masse

Sur le terrain, l'heure est même à l'anticipation. Un nouveau mur de protection est déjà en construction pour séparer l'ancienne centrale du futur chantier. L'empressement et l'engouement des équipes est palpable. « Les salariés qui travaillent sur Penly 1 et Penly 2 rêvent de travailler sur les EPR2 », confie Christophe Comtesse.

Pas de place non plus aux doutes, lorsque Bruno Le Maire s'adresse à la première promotion d'une formation en robinetterie d'un lycée professionnel de Dieppe. « Le fait qu'on construise de nouveaux réacteurs, qu'on relance la filière c'est du travail assuré pour des décennies car il faudra entretenir ces nouveaux réacteurs », leur a certifié le ministre. « Ce sont des milliers d'emplois », a-t-il encore assuré, tout en rappelant que la « qualification » était le problème numéro 1 à résoudre pour l'industrie française. Rien que la filière nucléaire devra recruter entre 10 à 15.000 personnes par an d'ici 2030. Pour relever ce défi majeur, le ministre souhaite éveiller les collégiens à l'industrie dès la 4ème.

La filière du nucléaire vise au moins 10.000 recrutements par an d'ici 2030

Un PDG en second plan

Lors de cette séquence, Bruno Le Maire n'a pas laissé beaucoup de place non plus à Luc Rémont, le nouveau PDG d'EDF, qu'il a pourtant présenté comme « le meilleur élément pour EDF ».  En second plan, le dirigeant venu de Schneider Electric a limité son intervention à un discours introductif très succinct dans lequel il a affirmé que le « futur sera électrique » et que « nous avons besoin du nucléaire du futur ». Peut-être aura-t-il été plus loquace devant les organisations syndicales qu'il devait rencontrer dans le courant de l'après-midi pour présenter sa feuille de route. Ces dernières avaient déjà eu l'occasion d'échanger dans la matinée avec le ministre de l'Economie, qui leur a assuré que le projet Hercule était bel et bien « abandonné ».

Luc Rémont, cet homme de Schneider Electric, en piste pour diriger EDF