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Le Paraguay veut-il 1 milliard d’investissements de Taïwan pour qu’ils restent alliés ?

Polémique.

Dans une interview accordée au “Financial Times”, le président du Paraguay, Mario Abdo Benítez, aurait suggéré à Taïwan d’augmenter ses investissements dans son pays pour ne pas céder aux pressions de la Chine pour rompre les relations diplomatiques avec l’île. Une déclaration ensuite démentie par le gouvernement d’Asunción.

Le président du Paraguay, Mario Abdo Benítez, à Bogota, en Colombie, le 6 août 2022.
Le président du Paraguay, Mario Abdo Benítez, à Bogota, en Colombie, le 6 août 2022. PHOTO VANNESSA JIMENEZ/ANADOLU AGENCY VIA AFP

C’est ce qu’on peut appeler du franc-parler.

Jeudi 29 septembre, le quotidien économique Financial Times a publié un article où il laisse la parole à Mario Abdo Benítez, et au sujet des alliances de son pays le président du Paraguay s’est exprimé en ces termes :

“Taïwan investit plus de 6 milliards de dollars dans des pays qui n’ont pas de relations diplomatiques avec eux, sur cette somme, nous voulons que 1 milliard soit placé au Paraguay… Cela nous aidera à défendre l’idée que notre alliance stratégique avec Taïwan est essentielle.”

14 pays ont encore des liens diplomatiques avec Taïwan

Comme l’explique le journal britannique The Guardian, “aucun pays dans le monde peut reconnaître à la fois le gouvernement de Taïwan et celui de la Chine”, et ce à cause des pressions exercées par Pékin, qui exige que chaque nation fasse un choix. Ainsi, dans le monde, “il n’y a plus que 14 pays qui ont des liens diplomatiques officiels avec Taïwan, parmi lesquels le Paraguay”.

En effet, le nombre d’États qui reconnaissent Taipei au lieu de Pékin a progressivement chuté à cause “de promesses d’augmentation d’échanges, de prêts et d’investissements” de la Chine, qui ont récemment convaincu de nombreux pays, parmi lesquels “les îles Salomon, Panama, le Nicaragua ou encore la République dominicaine, de changer de camp”.

“S’il vous plaît, il faut qu’on s’ouvre à ce marché”

Des motivations économiques, donc, qui représentent aussi une tentation pour le gouvernement d’Asunción, comme l’a admis sans détour Mario Abdo au Financial Times :

“Imaginez ce que disent les producteurs de viande lorsque les prix s’écroulent et qu’ils n’ont pas accès au marché chinois… Ils vous disent ‘S’il vous plaît, il faut qu’on s’ouvre à ce marché’. Que nous donne Taïwan, alors que nous sommes un pays qui pourrait vendre toute sa production de soja et de viande à la Chine ?”

Une affirmation du président qui est en quelque sorte corroboré par le journal britannique, qui rapporte qu’“une étude publiée l’année dernière dans la revue Foreign Policy Analysis a estimé que l’alliance du Paraguay avec Taïwan lui avait coûté l’équivalent de 1 % de son PIB par an en aides et en investissements perdus entre 2005 et 2014”.

Asunción dément

Peut-être soucieux de la polémique que ces déclarations auraient pu soulever, le gouvernement d’Asunción a tenu aujourd’hui à démentir les propos attribués à Mario Abdo par le Financial Times, comme le précise le quotidien paraguayen ABC Color, qui relaye un communiqué du ministère des Relations extérieures :

“Le président a exprimé l’idée que les investissements à l’étranger de Taïwan puissent en partie aller vers notre pays, afin de mettre à profit à la fois les excellentes conditions d’investissement offertes par le Paraguay et la relation stratégique [entre les deux pays]. À aucun moment il ne s’agissait pour le président de poser des conditions aux relations [diplomatiques] avec Taïwan, et moins encore de les soumettre à un montant précis, comme on le sous-entend là.”

Des précisions qui ne seront peut-être pas suffisantes pour rassurer Taipei.

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