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Le podcast « Keskili » interroge les auteurs sur leurs souvenirs de lecture

Dans ce podcast, des écrivains se confient sur leur rapport à la lecture et à la littérature.

Leur premier souvenir de lecture ? Le livre qu’ils aimeraient relire ? La plus admirable description de personnage ? Le chef-d’œuvre officiel qui leur tombe des mains ?…, après une saison 1, le podcast « Keskili » du « Monde des livres » revient et propose à des auteurs et des autrices de partager leur amour, leurs souvenirs, leurs conseils autour de la lecture et de la littérature. Chaque vendredi, au micro de la journaliste Judith Chétrit, retrouvez un nouvel épisode, réalisé au Salon du livre du Mans Faites lire !, partenaire du podcast.

7 Octobre : Bernard Minier 

Martin Servaz est commandant de police et il est ce qu’on appelle un personnage « fétiche ». C’est en écrivant son premier thriller, Glacé, en 2011, que l’auteur de romans policiers Bernard Minier lui a donné vie. Un début de roman, longtemps resté au fond d’un tiroir, que cet ancien contrôleur des douanes a mis deux ans et demi à terminer et qui a finalement été primé au Festival polar de Cognac.

Depuis, les enquêtes de Martin Servaz ont fait de Bernard Minier l’un des auteurs les plus lus en France grâce à ses « fictions réalistes ». Lucia Guerreiro, la nouvelle héroïne éponyme de son dernier roman (sorti aux éditions XO), est bien partie pour devenir un autre personnage emblématique de ses romans.

Avec une écriture rythmée et haletante, des héros attachants et une attention donnée aux paysages, les enquêtes de Bernard Minier ont été traduites dans plus d’une vingtaine de langues et séduisent jusqu’aux producteurs de séries télé. Un éclectisme que l’auteur n’a pas fini de revendiquer dans ses lectures et ses projets.

14 octobre : Lola Lafon

Elle raconte qu’elle a tout fait pour éviter de devenir écrivaine. En dansant, en chantant ou en s’essayant au théâtre. Mais l’écriture s’est finalement imposée à cette fille de profs, en partie élevée en Bulgarie et en Roumanie.  Pour Lola Lafon, les mots ont des images, des sons et des rythmes. Ils lui permettent de mettre des vies de femmes au premier plan.

Certaines ont existé, d’autres sont fictives. La petite communiste qui ne souriait jamais, Mercy, Mary, Patty, Chavirer et son dernier roman, Quand tu écouteras cette chanson, une confrontation romancée à l’enfermement d’Anne Franck. Sans les héroïser à outrance, mais sans rendre leurs vies minuscules et passives, Lola Lafon raconte les perturbations existentielles de ces femmes. Comme la lecture et l’écriture dans sa propre vie.

21 octobre : Alexis Jenni

Il y a plus de dix ans, son Art français de la guerre mettait K.-O. le jury du prix Goncourt. Pour Alexis Jenni, ancien professeur agrégé de biologie, ce premier roman n’était pas juste un succès. C’était le résultat d’une expérimentation, enfin aboutie, qui mettait fin à une longue liste de refus d’éditeurs.

Après plusieurs livres publiés aux éditions Gallimard, comme Féroces infirmes ou La beauté dure toujours, c’est son amour pour la « culture scientifique » qu’il souhaite aujourd’hui partager. Ecrire sur les arbres, sur les espèces disparues est un moyen pour lui de faire réfléchir sur les fragilités de notre monde. Et il le montre dans son ouvrage, Cette planète n’est pas très sûre. Histoire des six grandes extinctions.

En cette rentrée, il publie un nouveau récit Le Passeport de monsieur Nansen, consacré à un atypique Prix Nobel de la paix, le Norvégien Fridtjof Nansen, diplomate pour la Société des Nations au sortir de la première guerre mondiale mais aussi humanitaire, explorateur polaire et scientifique.

28 octobre : Titiou Lecoq

Réparer l’effacement des femmes dans l’histoire, réparer les inégalités devant le panier de linge sale, réparer les violences faites aux femmes… Pour Titiou Lecoq, l’écriture est salvatrice. Elle permet de corriger, stabiloter les oublis, les lacunes. Des obsessions qui la hantent et que l’écriture permet d’apaiser sous sa plume de journaliste, chroniqueuse, blogueuse, féministe, essayiste et romancière.

Son dernier ouvrage, Le Couple et l’Argent, paru chez L’Iconoclaste en 2022, n’y coupe pas. Elle propose une plongée féministe et édifiante dans nos porte-monnaie.

4 novembre : Olivier Norek

Des livres posés sur les boîtes aux lettres de son immeuble, un hall transformé en quasi-bibliothèque. Chez Olivier Norek, qui raconte cette anecdote sur Twitter, la littérature s’invite partout et il en fait profiter ses voisins ! Avec sept polars publiés, il est aussi celui qui tient en haleine les lecteurs avec des enquêtes réalistes au dénouement complexe.

Et, forcément, une partie de cette authenticité provient du terrain, un terrain qu’il a connu en tant qu’ancien lieutenant de la police judiciaire à Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Mais il insiste : ne le réduisez surtout pas à cette étiquette. Pas d’écriture catharsis. Ses romans vont plus loin, tous empreints de convictions sociales. Des intrigues qu’il met aussi l’écran en tant que scénariste, comme dans Engrenages. Son dernier roman, Dans les brumes de Capelans, est sorti aux éditions Michel Lafon et la saison 2 de sa série Les Invisibles est disponible sur France 2.

11 novembre : Charline Vanhoenacker

Faire rire, c’est faire oublier. Si on écoute Victor Hugo, il y a de quoi considérer Charline Vanhoenacker comme une sacrée distributrice d’oubli. Mais n’est-ce pas l’oubli justement, les amnésies des politiques, les contradictions, les éclipses qui nourrissent sa verve ? Dans son travail, à la radio ou à la télévision, elle tient à concilier la rigueur journalistique et l’humour. A mettre de l’humeur dans l’actualité, « avec une épée en mousse dans la main pour chatouiller les orteils des puissants », comme elle s’en amuse. Car l’humour est l’un des miroirs les plus parlants de notre société.

Un humour qu’on retrouve dans l’ouvrage Aux vannes citoyens ! Petit essai d’humour politique, qu’elle publie aux éditions Denoël. Une façon d’analyser avec ironie les mécaniques du rire et les secrets de fabrication de ses chroniques.

18 novembre : Yannick Haennel

Peut-on résister au monde par la lecture ? Si c’est le cas, Yannick Haenel serait un des avocats du droit à la fiction, celle qui permet d’avoir le dernier mot face au mystère de l’existence. Dans son dernier roman, Le Trésorier payeur, il joue avec les apparences. Derrière les traits du personnage principal, un banquier, se cache en fait un anarchiste avec pour mission de défendre les surendettés.

Une quête d’absolu déjà au cœur de Tiens ferme ta couronne, publié en 2017. Le prix Médicis sacrait alors un autre narrateur, Jean Deichel, et son inépuisable souhait de porter à l’écran la vie d’Herman Melville, un héros qui a navigué par les océans et les bibliothèques.

25 novembre : Sonia Devillers

A la radio, sur France Inter, Sonia Devillers est habituée à faire vivre les histoires qui cernent et révèlent l’époque. Des histoires, elle en a elle-même les épaules lourdes. Celle de ses grands-parents maternels, Harry et Gabriela Deleanu, partis de la Roumanie communiste et arrivés à Paris en décembre 1961. Non pas déportés mais exportés parce que juifs contre du bétail et du matériel agricole.

Une histoire vraie aux allures de fiction. Une traite humaine massive et abondamment documentée dans son premier roman, Les Exportés, sorti en 2022. Un pas de côté dans la littérature pour cette journaliste, qui, dans la vie, aime faire une liste des auteurs déjà lus – car dit-elle, « ça lui fait du bien » – et se plonger dans les légendes du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde.

2 décembre : Brigitte Giraud

A 41 ans, Claude est mort brutalement, dans un accident de moto. Ce drame, a lieu il y a vingt ans et sa compagne, l’écrivaine Brigitte Giraud a choisi de le coucher sur le papier en publiant Vivre vite. Un roman dans lequel elle raconte également sa propre vie, encore traversée par les ombres, les fantômes et les échos du deuil.

Car écrire sert aussi à cela : à brasser, à déranger avec pudeur toutes les certitudes en permettant de devenir spécialiste, dit-elle, du « cause à effet ». Brigitte Giraud part de sa réalité et la transforme en un début de fiction. Comme dans un de ses précédents romans, Un loup pour l’homme, où un futur père prend la mesure de la guerre d’Algérie en soignant des blessés.

9 décembre : Sylvie Germain

« Il y a quelque chose de fascinant dans le livre et dans le pouvoir des mots. Je reste devant cela dans un rapport très enfantin. J’écris toujours sur ce que je ne comprends pas. » Cette observation, Sylvie Germain la formule l’année qui suit la parution de son premier roman, Le Livre des nuits. Nous sommes en 1984, son talent est salué par plusieurs prix, dont celui de la Ville du Mans. Puis, il y a Prague, l’enseignement au lycée français et son livre Jours de colère, sacré prix Femina quelques années plus tard.

Au fil de son œuvre composée de près d’une quarantaine de titres, l’autrice continue sa plongée dans l’intime, celui qui, mis à distance, peut autant réjouir qu’effrayer. L’ombre et la lumière, comme celles poétiquement diffusées dans son dernier livre, La Puissance des ombres, qui a reçu le prix Cabourg.

« Keskili » est un podcast du Monde, réalisé en partenariat avec le Salon du ivre du Mans « Faites lire ! » et animé par la journaliste Judith Chétrit. Suivi éditorial : Joséfa Lopez. Captation et réalisation : Eyeshot. Identité graphique : Mélina Zerbib, Yves Rospert. Partenariat : Sonia Jouneau, Victoire Bounine.

Joséfa Lopez et Judith Chetrit