C’est une déconvenue à laquelle il ne s’attendait pas. Un Hambourgeois d’une quarantaine d’années a demandé à changer de prénom – Félix-Adolf – au motif que celui-ci était lié au nazisme dans l’imaginaire collectif. Or, rapporte Stern, l’administration de Hambourg n’a pas donné suite à sa requête, considérant que “le prénom Adolf n’a[vait] pas de connotation négative”.
Pour les services du ministère de l’Intérieur, du Sport ainsi que le bureau de l’Immigration de la ville-État hanséatique, “le fait qu’Adolf Hitler ait été prénommé ainsi ne constitue pas une raison de croire que toute personne portant ce prénom est associée au nazisme par sa famille ou qu’elle défend elle-même cette idéologie”.
Paradoxalement, des prénoms mixtes comme Sacha peuvent être modifiés beaucoup plus facilement, afin de ne plus laisser planer le doute sur le genre de la personne qui le porte.
Discrimination à l’embauche
Après la Seconde Guerre mondiale, le nombre d’enfants appelés Adolf a sensiblement diminué dans le pays. “En Allemagne de l’Est, il était explicitement interdit de baptiser ainsi son enfant”, rappelle l’hebdomadaire de Hambourg. Mais le prénom n’a pas pour autant disparu – notamment à l’Ouest. En 2018, 46 171 personnes le portaient outre-Rhin, selon les recherches de l’université de Leipzig.
Une grande partie de ceux nés après 1945 préfèrent se faire appeler “Adi”, “Ado” ou encore “Dolf”, rapporte Stern. Mais le Hambourgeois Félix-Adolf – qui privilégie l’appellation “Félix” au quotidien – assure que son prénom pose un problème lorsqu’il doit passer des entretiens d’embauche ou subir des contrôles de douane. “Avec le temps, on reconnaît les regards lourds de sens”, déplore-t-il. Lorsqu’il a fait son service militaire, il aurait même été approché par des sympathisants d’extrême droite qui voulaient devenir “[ses] nouveaux amis”.
Pour Félix-Adolf, la seule manière de changer d’état civil serait de prouver que “son prénom le rend fou”, lui a expliqué la personne chargée de son dossier. Car si la législation prévoit des changements possibles pour les prénoms étrangers “imprononçables”, “inconnus” outre-Rhin ou “dont la prononciation ou l’orthographe ressemblent très fortement à des injures”, elle n’envisage aucune modification automatique pour “un prénom que le monde entier associe à Adolf Hitler”.
