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Le rêve mozambicain de Mia Couto

Mots de passe. Depuis trente ans, l’écrivain creuse dans la mémoire, l’histoire et les silences de son pays d’Afrique australe, pour en extraire la matière de ses livres. Jamais tant, peut-être, que dans « Le Cartographe des absences ».

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Mia Couto parle comme il écrit. A chaque question, l’auteur, né en 1955, au ­Mozambique, demande : « Puis-je vous raconter une histoire ? » Il serait fou de refuser tant son art de conteur fait la force des romans, chroniques et poèmes de cet ancien journaliste, également biologiste et professeur d’écologie à l’université de Maputo. Prenezl’incipit de L’Accordeur de silences (Métailié, 2011) : « La première fois que j’ai vu une femme j’avais 11 ans et je me suis trouvé soudai­nement si désarmé que j’ai fondu en larmes. Je vivais dans un désert habité uniquement par cinq hommes. Mon père avait donné un nom à ce coin perdu : ­Jésusalem. »

Le pouvoir d’évocation de son écriture, le foisonnement des récits et la pluralité des formes littéraires chez Mia Couto n’empêchent pas chacun de ses livres d’être habité par un lieu – le Mozambique – et par des thèmes obsédants, depuis son premier roman, Terre somnambule (Albin Michel, 1994) : la mémoire et l’oubli ; les fantômes, les silences et les guerres qui jalonnent l’histoire de ce pays d’Afrique australe. Son nouveau roman, Le Cartographe des absences, offre une porte d’entrée de choix dans l’œuvre de l’écrivain récompensé au Portugal par le prestigieux prix Camoes, en 2015, et tenu pour nobélisable.

Guerres

La vie de Mia Couto comme son œuvre sont indissociables du Mozambique et de son histoire. L’écrivain a 9 ans quand ­débute, en 1964, le conflit armé entre le Front de libération du Mozambique ­ (Frelimo, communiste) et le Portugal, qui a commencé à coloniser le pays à la fin du XVe siècle, jusqu’à ce que l’indépendance soit proclamée, en 1975. Il constitue le ­cadre du Cartographe des absences. A propos de ce texte, sans doute son plus intime, Mia Couto confie au « Monde des livres » : « Je vis une situation particulière, car j’ai vu naître mon pays, je suis plus vieux que lui. Mon pays m’a “écrit” en quelque sorte, et je l’ai moi-même accompagné dans sa lutte » – notamment en tant que journaliste pour le Frelimo.

Deux ans après l’indépendance, en 1977, commence une guerre civile qui oppose le Frelimo au pouvoir et la guérilla de ­Résistance nationale mozambicaine ­ (Renamo), d’orientation antimarxiste et soutenue par l’Afrique du Sud et les Etats-Unis. Elle dure quinze ans et fait un million de victimes. « Au Mozambique, on ne disait ni “guerre” ni “civile”, remarque-t-il. On appelait ça une “agression armée”, comme si cette guerre prenait racine en dehors du Mozambique. Nous avons toujours voulu échapper au mot “guerre”. Mais, pour moi, les guerres commencent au moment où il apparaît évident que l’autre, par le nom qu’on lui ôte, cesse d’exister. Mon travail en tant qu’écrivain est de restituer l’humanité de cet autre. »

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