France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

« Le Service national universel (SNU) sera désormais accessible à tous », annonce Sarah El Haïry

C’est le dispositif phare d’Emmanuel Macron pour la jeunesse. Le Service national universel (SNU), lancé en 2019, qui a connu un coup de frein en 2020 en raison de la crise sanitaire, a concerné 32.000 jeunes en 2022 (la dernière session s’étant tenue en juillet).

Destiné aux adolescents de 15 à 17 ans, il se déroule en deux phases. D’abord un séjour de cohésion gratuit, avec du sport, des visites culturelles, des débats… Puis une mission d’intérêt général de 84 heures auprès d’une association, d’une administration ou d’un corps en uniforme. La secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et du Service national universel (SNU), Sarah El Haïry dévoile en exclusivité à 20 Minutes les évolutions du dispositif en 2023.

Vous souhaitez développer le SNU cette année, comment ?

En juillet, lors de son discours aux armées, le président de la République a fait part de son souhait de donner une nouvelle impulsion au SNU face aux grands défis de notre temps. Lors du précédent quinquennat, nous avons expérimenté le SNU auprès de 2.000 jeunes en 2019, puis il a été interrompu en 2020 en raison de la crise sanitaire. En 2021, 15.000 jeunes y ont participé et 32.000 en 2022. Aujourd’hui, il est arrivé à maturité. Nous vous annonçons qu’il sera désormais accessible à tous les jeunes français de 15 à 17 ans. Le nombre de places ne sera plus limité. En 2023, tous les jeunes qui voudront y participer le pourront. Désormais, le SNU sera un droit pour chaque jeune. Car il doit savoir que son pays a besoin de lui. 

Vous souhaitez aussi proposer un autre séjour de cohésion dans l’année…

Oui, et c’est mon autre annonce : alors qu’il y avait trois séjours de cohésion en 2022 (en février, juin et juillet), nous en ajoutons un autre qui aura lieu en avril, lors des vacances scolaires. Ce qui nous permettra de proposer au minimum trois dates de séjours dans chaque département.

En 2020, Gabriel Attal, alors en charge de la Jeunesse, annonçait une généralisation du SNU en 2024. Avez-vous renoncé à cette ambition de le rendre obligatoire ?

En 2022, c’était la quatrième année du SNU et il y a eu une montée en charge du dispositif. La généralisation du SNU est un chantier sur lequel nous travaillons. Nous devons avancer vers le plein déploiement dispositif. Mais avant d’y arriver, il faut le rendre universel, qu’il soit un creuset républicain. Si le SNU devait être obligatoire, il faudrait présenter un projet de loi devant la représentation nationale.

Le budget SNU va augmenter de 30 millions en 2023 par rapport à 2022 pour être porté à 140 millions, sera-t-il suffisant ?

Oui, c’est suffisant pour faire partir au moins 64.000 jeunes. Nous dépensons 2.114 euros par jeune volontaire afin que pour eux, le séjour soit intégralement pris en charge. Il faut aussi rappeler que les jeunes bénéficient d’une formation gratuite en ligne au Code de la route et se voient offrir les frais d’inscription à l’examen. Et ils sortent du SNU avec le certificat PSC1 (attestation de formation aux premiers secours).

Le fait de ne plus avoir de barrière à l’accès du SNU va-t-il vraiment booster le nombre de candidats ?

Oui, le dispositif n’est pas encore connu de tous les jeunes, donc le fait d’annoncer aujourd’hui qu’il va devenir universel fera parler de lui et incitera de nombreux jeunes à s’engager. Par ailleurs, les jeunes sont plus optimistes, il n’y a plus de protocole sanitaire. La jeunesse bouillonne d’envie de participer à la vie citoyenne.

Comment allez-vous trouver de nouveaux centres d’accueils (il y en 148 aujourd’hui) alors que l’hébergement des jeunes semble déjà un casse-tête ?

Je ne vois pas de difficultés particulières sur ce point. Nous allons nous appuyer sur nos équipes départementales pour mobiliser de nouveaux centres de vacances, des internats…

Sarah El Haïry, le 5 octobre 2022.
Sarah El Haïry, le 5 octobre 2022. - Jacques Witt / Sipa pour 20 Minutes

Seulement 7,5 % des volontaires sont issus des quartiers prioritaires, comment les séduire davantage ?

On a fait des progrès sur ce point, car ils étaient 4 % en 2021. Mais il faut continuer à aller chercher des jeunes des quartiers prioritaires et des zones rurales. Certaines familles ont des réticences à faire partir leur enfant, car elles pensent à tort que le SNU est payant, que les dortoirs sont mixtes… Pour lever leurs doutes, nous allons organiser des réunions d’information avec les parents dans les lycées. Les missions locales et les associations locales vont aussi être davantage sollicitées en tant que relais d’informations.

Le fait que la jeunesse soit passée sous la tutelle des ministères de l’Education et des Armées pour ce nouveau quinquennat change-t-il quelque chose au contenu du SNU ?

Non, sur le fond, cela ne change rien. Lors du séjour de cohésion, nous abordons toujours les mêmes thèmes très variés : les valeurs de la République, la laïcité, la transition écologique, la lutte contre le complotisme, les institutions nationales et européennes, le consentement… Et les missions, d’intérêt générales se font aussi bien en Ehpad, dans une association caritative que dans une caserne de pompiers ou une gendarmerie.

Certains syndicats y ont vu votre volonté de militariser la jeunesse, que leur répondez-vous ?

Le SNU n’est pas du tout un service militaire. C’est un service civil et citoyen. On n’y apprend pas le maniement des armes, mais le sens de l’engagement. Et les encadrants du SNU sont aussi bien des enseignants, des animateurs que des personnes qui ont porté l’uniforme civil ou militaire.

Le ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye a évoqué la nécessité de « réfléchir très sérieusement » à une « meilleure organisation » du Service national universel (SNU) en juillet. Que lui reproche-t-il ?

Lors des derniers séjours, les convocations des jeunes ont été parfois délivrées un peu tard, car la pénurie de chauffeurs de cars nous a pénalisés. Il faut que la gestion des transports se fasse davantage au niveau territorial. Par ailleurs, certains jeunes qui se sont inscrits au SNU ne se sont pas présentés, parce qu’ils avaient le Covid, que le séjour tombait en même temps qu’une épreuve du bac ou qu’un stage professionnel. Ça va nous inciter à créer une cellule pour avoir un contact avec les inscrits avant le départ pour mieux rationaliser les séjours.

Le SNU sert aussi à détecter des jeunes en situation de détresse. Quelle aide leur apportez-vous ?

Nous identifions des jeunes en situation d’illettrisme ou qui ont un problème de santé. Certains se confient aussi à leurs encadrants qu’ils ont été victimes de violences. Cela nous permet de leur proposer un accompagnement psychologique ou juridique ensuite.