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Le SMS fête ses 30 ans : « Il n’appauvrit pas la langue, au contraire, il l’enrichit par sa créativité »

Rachel Panckhurst, enseignante-chercheuse en linguistique-informatique, explique en quoi le texto a apporté une plus grande liberté à nos échanges numériques et pourquoi nous ne sommes pas près de nous en passer.

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Il y a trente ans, le 3 décembre 1992, le premier short message service de l’histoire, transmis par l’opérateur Vodafone, était envoyé. Reçu par Richard Jarvis, un dirigeant de Vodafone, ce SMS, composé de quinze caractères – espace compris – pour dire « Merry Christmas » (« Joyeux Noël »), a révolutionné les modes de communication par sa simplicité d’utilisation.

Autrefois limités à 160 caractères – forçant les utilisateurs à développer un langage à l’orthographe parfois cryptique –, les textos s’échangent désormais de manière illimitée, enrichis de photos, vidéos, smileys… Très populaires jusqu’au début des années 2010, les SMS sont aujourd’hui concurrencés par les messageries en ligne comme WhatsApp ou Messenger, qui évitent le roaming (frais d’itinérance à l’étranger) en transitant par Internet.

Rachel Panckhurst, enseignante-chercheuse en linguistique-informatique à l’université Paul-Valéry de Montpellier et au laboratoire de recherche Dipralang, explique en quoi le texto a apporté de la flexibilité et une grande liberté dans nos communications numériques. Et pourquoi, selon elle, nous ne sommes pas près de nous en passer.

Vous avez dirigé le projet Sud4science, qui a permis de collecter et d’étudier plus de 88 000 SMS authentiques en français auprès du grand public. Qu’avez-vous pu observer ?

Lancé en 2011, ce projet visait à mieux comprendre les mutations contemporaines de notre langage et de l’écriture. Ce qui est frappant quand on lit ces 88 000 SMS – regroupés dans une base de données open source intitulée 88milSMS –, c’est d’abord leur grande créativité.

Les néographies notamment, c’est-à-dire les façons d’écrire qui s’écartent volontairement de la norme orthographique, sont très innovantes. Le mot « aujourd’hui », par exemple, peut s’écrire de nombreuses manières : « ajd », « oj », « auj », « ojd », etc. Il y a aussi les squelettes consonantiques (« dsl » pour « désolé » ou « slt » pour « salut ») ; les apocopes, soit le fait d’enlever une ou plusieurs syllabes à la fin d’un mot (« appli » pour « application ») ; ou encore les abréviations sémantisées, qu’on ne peut comprendre qu’à partir du contexte (« Tu v venir ? » peut vouloir dire « Tu veux venir ? » ou « Tu vas venir ? »).

Autre observation : dans les SMS, les émotions sont omniprésentes. Elles peuvent être marquées par une multiplication des caractères, la ponctuation, voire le recours aux majuscules. Par exemple, à l’oral, il est facile d’accentuer le mot « génial ». Par texto, on va plutôt écrire « géniaaaal !!! » ou « GENIAL ! ».

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