Le sociologue Michel Pinçon est décédé

Le monde de la sociologie a perdu un grand nom. Michel Pinçon s'est éteint, lundi 26 septembre, à son domicile, en région parisienne. L'homme de 80 ans s'était d'abord intéressé à la sociologie des ouvriers, avant de se tourner vers la transmission de la richesse dans la noblesse et la haute bourgeoisie. Ancien directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Michel Pinçon était atteint de la maladie d'Alzheimer, selon son épouse, Monique Pinçon-Charlot.

L'essentiel de l'œuvre de Michel Pinçon a été écrit en collaboration avec sa femme, Monique Pinçon-Charlot. « Je dis toujours que nous avons écrit 27 livres à quatre mains », a-t-elle déclaré à l'Agence France-Presse (AFP). Leurs ouvrages de référence s'appellent Les Beaux Quartiers (PUF, 1989) ou encore Les Ghettos du gotha (Seuil, 2007). Depuis leur retraite en 2007 et l'abandon de leur obligation de réserve, les Pinçon-Charlot ont pris des positions parfois vivement critiquées, pour une taxation des riches surtout.

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Une enfance dans les Ardennes

Né le 18 mai 1942 à Lonny, un village des Ardennes, Michel Pinçon a grandi dans une famille ouvrière. « Il a été passionné, habité par la sociologie depuis son enfance, avec son origine ouvrière de la vallée de la Meuse et son attachement à l'État providence qui donnait à des enfants comme lui la possibilité de faire ses études », a dit son épouse.

Ils se sont rencontrés en 1965 lors de leurs études à Lille. « Ça a été un coup de foudre réciproque, entre deux boiteux qui avaient des névroses de classe inversées », a commenté Monique Pinçon-Charlot, qui pour sa part est d'origine bourgeoise, fille d'un magistrat. Fascinés par la sociologie de Pierre Bourdieu, ils ont fait une longue carrière de chercheurs à partir des années 1970. « Michel a toujours été habité par cette volonté de comprendre les injustices, qu'elles soient sociales, économiques, et surtout symboliques, celles dont il a le plus souffert lui-même », a expliqué son épouse.