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Le spectre d’une récession s’éloigne : la croissance mondiale sera meilleure que prévu, assure le FMI

Le monde n'est pas encore sorti de la crise, mais il semble en bonne voie selon le Fonds monétaire international. L'organisation de Washington a indiqué, lundi 30 janvier, que la croissance mondiale s'établirait à 2,9% en 2023. La crainte d'une récession en Allemagne, en Italie et ailleurs en zone euro semble ainsi s'éloigner.

Cette prévision est supérieure de 0,2 point de pourcentage à la précédente, publiée en octobre par le Fonds monétaire international. « Les perspectives sont moins sombres que dans nos prévisions d'octobre » a précisé le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas soulignant que, si « l'année à venir restera difficile (...), elle pourrait aussi être un tournant », avant un rebond de la croissance en 2024 qui devrait atteindre +3,1% par rapport à 2023. « L'année à venir restera difficile (mais) elle pourrait aussi être un tournant », sur les fronts de la croissance et de l'inflation, a précisé l'économiste. Néanmoins, en 2023 et 2024, « la croissance mondiale restera faible par rapport aux normes historiques », a insisté le chef économiste du FMI.

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Allemagne, Etats-Unis et Chine font mieux qu'attendu

Dans le détail, les Etats-Unis affichent une bonne résilience avec une croissance attendue de 1,4% en 2023, soit 0,4 point de pourcentage de plus que lors de l'estimation d'octobre du FMI. L'organisation internationale a aussi salué les bonnes perspectives de l'Allemagne et de l'Italie qui devraient échapper à la récession contrairement à ce qu'elle prévoyait en octobre. Au final, la croissance en zone euro est attendue à 0,7%, soit 0,2 point de plus que lors de la dernière estimation du FMI, suite à une bonne résistance à la crise énergétique liée au conflit en Ukraine.

Mais la nouveauté qui a permis de réhausser les perspectives du FMI vient de l'Est. Il s'agit de la réouverture de la Chine après l'abandon de la politique zéro-Covid. Malgré la gestion chaotique qui a entraîné une forte hausse des cas de Covid dans le pays, cette réouverture devrait permettre à la croissance chinoise (+5,2% contre 4,4% prévu il y a trois mois) de venir donner un coup d'accélérateur à l'économie mondiale.

Si la plupart des pays font mieux qu'attendu, ce n'est pas le cas du Royaume-Uni devrait être le seul pays du G20 à connaître une récession cette année. L'île en proie à une inflation de 10,5% en décembre (contre 5,3% en France) et à des mouvements sociaux qui fragilisent l'économie du pays devrait connaître avec une baisse de son PIB de l'ordre de 0,6%, soit 0,9 point de pourcentage de moins que prévu en octobre.

Concernant l'inflation, principal mal de 2022, celle-ci ralentit désormais, et devrait être moins élevée en 2023 qu'en 2022 dans la majorité des pays, relève le FMI dans son rapport. L'institution de Washington la voit toutefois un peu plus élevée cette année que ce qu'elle prévoyait auparavant, à 6,6% contre 6,5% prévus en octobre. Mais elle devrait revenir en 2024 à des niveaux inférieurs à 2021 (+4,3% contre +4,7%).

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Des perspectives 2023 qui ne font pas consensus

Si le FMI révise à la hausse ses perspectives pour la croissance mondiale en 2023, ce n'est pas le cas de tous. La Banque mondiale a en effet tablé sur une progression de 1,7% cette année, lors d'une prise de parole le 11 janvier dernier. Il s'agit d'un scénario beaucoup moins optimiste que celui de juin dernier où elle estimait la croissance de 2023 à 3%.

Ces perspectives ont en effet été dépréciées du fait de l'inflation persistante, de la hausse des taux et des effets de la guerre en Ukraine. « Je suis très inquiet face au risque de persistance du ralentissement. Selon nos estimations, la croissance mondiale entre 2020 et 2024 sera inférieure à 2%. Il s'agit de la plus faible croissance sur cinq ans depuis 1960 », a déclaré le président de la Banque mondiale, David Malpass, lors d'une conférence de presse téléphonique. Pour 2024, une reprise est prévue, par l'institution, mais modeste, à +2,7%. A noter, la Banque mondiale s'est positionnée avant l'annonce de la fin des mesures massives de confinement contre le Covid-19 en Chine. Les paramètres pris en compte par les deux institutions sont par ailleurs différents.

Menace sur les emplois

Si les banques centrales freinent des quatre fers pour enrayer l'inflation en montant leurs taux depuis le printemps 2022 (+ 450 points de base pour la Fed et +250 points pour la BCE) cela ne sera pas sans conséquence sur les emplois.

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« Tant que les gens ont du travail, même si les prix sont élevés, ils consomment, ce qui a aidé l'économie sur le troisième trimestre, en particulier aux Etats-Unis et en Europe, mais nous savons que l'impact du resserrement financier est à venir » en termes de chômage, a insisté la patronne du FMI lors d'une conférence de presse, le 13 janvier. D'autant que la situation n'est pas près de s'améliorer, du fait d'une « inflation qui reste tenace » et face à laquelle « le travail des banques centrales n'est pas encore terminé », a rappelé Kristalina Georgieva, impliquant dans le même temps que « la crise n'est sans doute pas terminée ».

Kristalina Georgieva a ainsi souligné la nécessité d'éviter que le resserrement financier ne vienne ajouter des tensions supplémentaires dans les relations sociales. « Nous ne sommes que le 12 janvier et avons déjà le Brésil, le Pérou, la Bolivie, la Colombie, le Royaume-Uni, tous pour des raisons différentes, mais avec des tensions sociales très nettes ». Si les conditions du marché du travail se détériorent dans ces pays, la présidente du Fonds monétaire international estime que les tensions sociales pourraient en être exacerbées.

Pour l'ONU, l'austérité n'est pas la bonne réponse

A contre-pied du FMI,  la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement affirmait dans son rapport annuel publié début octobre que les banques centrales avaient monté trop rapidement leurs taux directeurs ce qui menaçait la vie des pays pauvres. « Croire qu'elles pourront faire baisser les prix en s'appuyant sur des taux d'intérêt plus élevés sans provoquer de récession est un pari imprudent », avertit la Cnuced.

Si l'agence onusienne prévoyait tout de même une croissance de 2,2% en 2023, elle a estimé qu'une hausse d'un point de pourcentage du taux directeur de la Fed réduirait la production économique des autres pays riches de 0,5 % et la production économique des pays pauvres de 0,8 % au cours des trois années suivantes.

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(Avec AFP)