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Le théâtre transidentitaire de Marcus Lindeen

Le dramaturge et metteur en scène suédois, dont plusieurs pièces sont présentées au Festival d’Automne, explore l’intime.

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Derrière les lunettes de couleur douce, les yeux bleus de Marcus Lindeen semblent suivre le cours de quelque rêve. L’artiste suédois est là et bien là, indubitablement présent dans l’exercice de l’interview, dont il connaît les codes par cœur. Mais, en même temps, il est un peu ailleurs, en un mélange diffus de présence et d’absence. Ce mélange se retrouve dans ses spectacles, que beaucoup vont découvrir dans le cadre du Festival d’Automne, même s’ils ont déjà été programmés ici et là, à la Comédie de Caen qui l’a fait venir en France pour la première fois, ou, récemment, au festival Actoral de Marseille.

Au T2G de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), Marcus Lindeen présente trois de ces créations, jouées en français, et réunies en une bien nommée Trilogie des identités. Dans Wild Minds, il explore l’univers de ceux que l’on appelle des « rêveurs compulsifs » : ces êtres qui se réfugient pendant de longues heures dans des mondes imaginaires, au détriment de leur vie réelle. Dans Orlando et Mikael, il donne voix à deux personnes évoquant leur opération de réassignation de genre, c’est-à-dire deux hommes ayant fait le choix de devenir femmes, puis de redevenir hommes. Dans L’Aventure invisible, il confronte les destinées renversantes de Jérôme Hamon, le premier homme à avoir subi une greffe de visage intégrale, d’une scientifique victime d’un AVC et documentant sa propre renaissance, et de la plasticienne-photographe Claude Cahun, experte en masques multiples.

« J’ai envie de suggérer un chemin plus flou, plus sensible, avec plus d’options » – Marcus Lindeen

Avec lui, toutes les identités se brouillent ou plutôt se floutent, comme estompées imperceptiblement. A commencer par la sienne. Marcus Lindeen qui, à 42 ans, ressemble encore à un garçon un peu gracile, n’aime pas beaucoup parler de lui. On aimerait écrire qu’il a commencé par être journaliste, sauf que c’est le théâtre qui est arrivé en premier, dans son adolescence, dans la banlieue de Stockholm. Mais il a démarré le journalisme très tôt, à 16 ans, travaillant pour le grand quotidien Dagens Nyheter, partant comme correspondant à New York et créant son propre magazine en ligne.

Décalages subtils

Le théâtre est vite revenu s’inviter dans le jeu, quand il s’est rendu compte qu’il avait « besoin d’intervenir beaucoup plus sur le matériau journalistique ». « Mais j’avais des problèmes avec la fiction, raconte-t-il. Je me suis vraiment construit contre elle, sans doute parce que j’avais peur de parler de moi-même. » Alors Marcus Lindeen a inventé son théâtre transidentitaire, déjouant toutes les tentatives de définition. Documentaire ou fiction ? Personnages ou personnes réelles ? Histoire collective ou histoires intimes ?

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