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Léa Casta sur le podium en Coupe du monde à 16 ans, la rookie qui revient déjà de loin

« Léa, tu es deuxième ! » « Quoi ? Oh c'est énorme ! » Après avoir passé l'arche d'arrivée vendredi lors des qualifications de sa toute première Coupe du monde, c'est une vidéaste qui lui annonce : la jeune Léa Casta vient de signer le deuxième meilleur chrono du jour, pourtant partie avant-dernier dossard, bien loin des habituées du circuit. Et cet énorme sourire mêlant surprise et bonheur hagard ne la quittera pas du week-end.

« Je m'y attendais pas du tout », répète-t-elle, alors que tous ses potes du club des Deux-Alpes accourent la féliciter. Même rengaine le surlendemain, pour les phases finales, qu'elle a gérées avec aplomb pour s'offrir son premier podium en Coupe du monde, une troisième place, devant une centaine de personnes qui ont bravé les températures négatives, le brouillard et les rafales à 60 km/h pour soutenir l'enfant du pays. « Je suis trop contente, je n'ai jamais été aussi contente de ma vie, répète Léa Casta, à la fois euphorique et perdue dans toute l'agitation de cette première étape de la saison. Je ne sais même pas quoi dire. C'est fou ce qu'il se passe. »

« On savait qu'elle a des capacités : elle est rapide et forte techniquement. Mais de là à pouvoir concrétiser en Coupe du monde... »

Si la leader des Bleues Chloé Trespeuch, vice-championne olympique à Pékin, en quête cette saison de son tout premier globe de cristal, a assuré l'ouverture de la saison en prenant la deuxième place derrière l'Australienne Josie Baff dans des conditions difficiles, la sensation du week-end, c'est bien Léa Casta, troisième, à 16 ans.

« On nous en parle depuis quelques années comme le grand talent qui arrive et elle l'a confirmé aujourd'hui, sourit Trespeuch, 28 ans, qui a signé son 28e podium en Coupe du monde. C'est super chouette d'avoir une relève comme ça aussi talentueuse, ça nous pousse, les plus anciennes. Oui, elle m'a surprise. Franchement, attaquer sa première Coupe du monde, faire 2e à la qualif'et réussir à confirmer les finales... incroyable ! »

« Les médecins ont décidé de l'arrêter pour un an. Là où elle a été la plus forte, c'est psychologiquement. Elle est retournée sur la neige sans aucune crainte, c'est ce qui est impressionnant. Comme s'il ne s'était rien passé. »

« On savait qu'elle a des capacités : elle est rapide et forte techniquement, souligne Kevin Strucl, coach des Bleus. Mais de là à pouvoir concrétiser en Coupe du monde... On s'était dit que la voir dans les 16 (qualifiées pour les phases finales), c'était déjà très bien. Elle a ridé hyper relâchée, c'est une bonne surprise. Ça prouve qu'elle est douée et qu'elle gère bien la pression. »

Léa Casta (à droite), face à l'Américaine Faye Gulini (à gauche), lors de la Coupe du monde des Deux Alpes. (M. Cottin/Presse Sports)

Léa Casta (à droite), face à l'Américaine Faye Gulini (à gauche), lors de la Coupe du monde des Deux Alpes. (M. Cottin/Presse Sports)

Avant cette manche de Coupe du monde aux Deux-Alpes, la snowboardeuse de 16 ans (la plus jeune du top 25 dimanche) ne comptait que deux dossards internationaux : 13e de la Coupe d'Europe de Pitzal en novembre dernier et une victoire sur une compétition FIS en octobre 2021. Car Casta sort d'une saison quasi-blanche.

Il y a presque un an jour pour jour, elle a gravement chuté en snow lors d'un stage aux Deux-Alpes. Bilan : la rate touchée au stade 3 sur 4, le rein bien abîmé aussi, des blessures internes à soigner. Et un passage obligé par une longue rééducation.

« Il a fallu bien l'accompagner psychologiquement, mais dans sa tête, elle n'attendait que ça. Physiquement par contre, ça a été long, explique Marion Perez, sa coach dans le groupe Coupe d'Europe. Les médecins ont décidé de l'arrêter pour un an. Là où elle a été la plus forte, c'est psychologiquement. Elle est retournée sur la neige sans aucune crainte, c'est ce qui est impressionnant. Comme s'il ne s'était rien passé. »

Quand on lui rappelle qu'elle signe ce podium quasi un an jour pour jour après cet accident, elle répond simplement : « C'est vrai ça ! C'est fou », en haussant les épaules. Et ce n'est même pas la première fois qu'elle revient d'une grave blessure. Déjà, à 13 ans, sur un saut lors d'un événement freestyle à Annecy, elle retombe à côté de l'airbag, s'écrasant au sol : fracture de la colonne vertébrale. « Après, j'avais peur, je n'osais plus trop me lancer, se souvient Casta, tenant fermement sa planche vierge de tout sticker de sponsors à part celui de sa station. Donc je me suis dit que j'allais arrêter (le freestyle), car ça n'allait me mener à rien. Je faisais aussi du boardercross, j'aimais bien les deux. C'était logique de continuer. »

De retour en stage avec le groupe des espoirs bleus depuis seulement juin dernier, Léa Casta s'est donc alignée aux Deux-Alpes sur cette Coupe du monde (la première française depuis 2017) sans pression et en toute insouciance. À son image. « Elle est vraiment dans son monde, dans sa bulle, et rien ne l'atteint, pointe Marion Perez. À chaque fois, elle me dit "c'est qui ça". C'est sa force : cette insouciance de se dire "je ne connais personne, j'y vais". Après les qualifs, elle était en dehors du temps. Au départ du run de la finale, elle me dit "mais je fais quoi ? J'arrive pas à enlever mon sourire". Je lui ai dit de se faire plaisir, c'est le plus important. Même à l'heure actuelle, elle ne comprend pas ce qu'il s'est passé. »

Membre du groupe Coupe d'Europe qu'elle a intégré la saison dernière, Léa Casta devrait sûrement revivre, grâce à cette troisième place surprise, un départ en Coupe du monde cette saison et continuer à prendre de l'expérience.

publié le 6 décembre 2022 à 12h16