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Les 70 ans du livre de poche, un bienfait qui semble inoxydable

Nicole Vulser

En 2022, 81 millions d’exemplaires se sont écoulés, soit près d’un livre sur quatre vendus en France. Cet engouement pour l’objet, qui ne se dément pas depuis 1953, n’arrive cependant pas à inverser la chute inexorable de la lecture en France.

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Analyse. On a oublié à quel point le livre de poche a opposé les intellectuels au milieu des années 1960, quand ce type d’ouvrage s’est ouvert aux essais, aux idées, aux sciences humaines et au Nouveau Roman. Menant la fronde, le philosophe et théoricien de l’art Hubert Damisch assurait, en novembre 1964, dans Le Mercure de France, que le livre de poche « réduit le lecteur au statut de consommateur ».

A ses yeux, il s’agit d’une « entreprise mystificatrice puisqu’elle revient à placer entre toutes les mains les substituts symboliques de privilèges éducatifs et culturels auxquels la grande masse ne participe pas pour autant ». L’historien Robert Mandrou lui répondait dans Les Temps modernes d’avril 1965 : « Pour cette seule raison, le livre de poche est un bienfait : pour avoir mis en circulation, au prix d’un paquet de cigarettes, 60 000 exemplaires de Tristes Tropiques… » Un bienfait, certes, de plus inoxydable.

Les éditions Le Livre de poche fêtent leurs 70 ans, jeudi 9 février, date de leur lancement par le secrétaire général de la librairie Hachette, Henri Filipacchi. Ce dernier avait incité le groupe à racheter un an plus tôt cette marque déposée par Tallandier en 1915, rappelle Patricia Sorel, maîtresse de conférences en histoire à l’université Paris-Nanterre et autrice de Petite Histoire de la librairie française (La Fabrique, 2021). L’année 1953 signe l’avènement du premier livre industriel français. La technologie des nouvelles rotatives permet de réduire de 40 % les coûts de fabrication ; les tirages démarrent à 60 000 exemplaires et les couvertures colorées, voire criardes, attirent le regard.

Surtout, ces livres de petit format, en version intégrale et proposés à prix très modique, se vendent dans les gares, les kiosques à journaux… Tout un réseau de distribution de masse qui constitue une révolution de la diffusion. D’ailleurs, les librairies se montrent inquiètes et réticentes à promouvoir ces ouvrages qu’elles présentent dans des « tourniquets » mais qui ne leur rapportent pas grand-chose.

« Fait social »

Les puristes crieront au non-anniversaire, comme dans Alice au pays des merveilles. De fait, les livres à très bas prix de petit format existaient depuis longtemps aux Etats-Unis (avec les Pocket Books), en Allemagne (Albatross et Tauchnitz), en Grande-Bretagne (Penguin Books en 1935). En France aussi, la « Bibliothèque Charpentier » commercialisait l’ancêtre des poches dès 1838 ; la collection « Michel Lévy », née en 1855, avait déjà vendu Madame Bovary à 1 franc ; « Le Livre populaire » de Fayard avait vu le jour en 1905.

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